Sam Presti : un des meilleurs General Managers de l'histoire ?
A la tête du Thunder depuis leur création (et en poste à Seattle pendant une saison), Sam Presti a tout connu depuis qu'il a pris ses fonctions. Presque 20 ans après, a-t-il cimenté sa place sur le Mont Rushmort des General Managers ?
Formé par l'école Spurs au début des années 2000, Sam Presti a pris son envol en 2007, se faisant embaucher comme General Manager par les Seattle SuperSonics. En bientôt 20 ans à la tête de cette franchise (devenue le Oklahoma City Thunder en 2008), le dirigeant a connu des hauts et des bas, avant la consécration récente : être l'architecte d'un champion NBA. Retour sur le parcours de l'homme, qui se fait une place de plus en plus considérable à la table des meilleurs GM de l'histoire.
- arrivée dans le grand bain en 2007
En difficulté sportivement, les Sonics vivent un début de décennie 2000 très compliqué. Gary Payton vieillit et l'équipe ne parvient plus à aller systématiquement en Playoffs, se faisait éliminer dès le premier tour si elle y participe. La légende est échangée contre Ray Allen en milieu de saison 2003. En pleine force de l'âge, l'arrière produit mais les résultats ne suivent pas. La meilleure option dans ce cas : reconstruire. Et cette tâche est confiée à Sam Presti. La franchise obtient le choix numéro 2 lors de la Draft 2007. Avec ce pick, le GM va poser la première pierre de son projet : Kevin Durant est sélectionné. Le même été, Ray-Ray est envoyé à Boston, en échange notamment de Jeff Green, qui va réaliser une très belle saison rookie. Malgré des résultats sportifs décevants, le dirigeant poursuit son plan et décroche le jackpot à deux reprises : en 2008 et 2009, Russell Westbrook et James Harden sont sélectionnés. Serge Ibaka, futur pilier de défense est aussi choisi en fin de premier tour, ce qui en fait un superbe steal. Passé de Seattle à Oklahoma, le désormais Thunder va avoir ses premiers excellents résultats.
En 2009-10, l'équipe gagne 50 matchs. La première saison d'une ère de domination. Dès 2012, la franchise atteint les finales NBA. Mais elle devra s'incliner face à un Heat revanchard. La suite : James Harden décline une offre d'OKC et file à Houston. Le premer accroc pour Sam Presti. Malgré cet échange perdu, le dirigeant parvient à conserver une équipe compétitive grâce à des échanges bien sentis (Thabo Sefolosha, Andre Robertson), quelques choix malins (Reggie Jackson en fin de premier tour de Draft). En 2016, l'équipe mène 3-1 face aux Warriors en finale de conférence. Le Thunder va-t-il faire tomber la meilleure équipe de saison régulière de l'histoire ? Pour le plus grand malheur des fans non : Golden State refait son retard et élimine Oklahoma. L'été 2016 arrive et Kevin Durant est en fin de contrat...
- été 2016 : kevin durant file
Pour les fans du Thunder, l'intersaison 2016 est gravée pour l'éternité dans leur mémoire. Au bord des finales NBA, un tournant historique va survenir pour OKC : Kevin Durant quitte Oklahoma pour rejoindre les Warriors ! Un coup de massue sur la tête des supporters qui n'en reviennent pas : leur meilleur joueur, MVP en 2014 et quatre fois leading scorer de la ligue, trahit sa franchise pour signer avec l'équipe qui vient de gagner 73 matchs en régulière et de s'incliner face aux Cavs. Un mouvement dur à encaisser pour Sam Presti. Après James Harden, c'est un deuxième membre du big three qui s'en va. Il va désormais falloir reconstruire autour de Westbrook. Après ce départ inattendu et choquant, le GM remodèle l'équipe : exit Serge Ibaka, pour obtenir Domantas Sabonis et Victor Oladipo. S'en suit la saison historique du meneur, qui va conduire son équipe en Playoffs et réaliser un exercice en triple double de moyenne puis remporter le titre de MVP. Cependant, autour, le groupe n'est pas assez compétitif pour espérer quelque chose. Par conséquent, le dirigeant s'active : Paul George débarque en ville ! A un an de la fin de son contrat c'est un énorme pari. Un peu avant le début de la saison 2017-18, Sam Presti remet ça et récupère Carmelo Anthony !
Cependant, l'année ne se passera pas aussi bien qu'attendue : Oklahoma gagne des matchs en régulière mais s'incline face au Jazz au premier tour des Playoffs. Les fans sont sur les nerfs : la fin de saison est décevante et PG est agent libre. Le souvenir d'un ailier qui quitte la franchise sans contrepartie est encore vif. Mais Sam Presti se montre convaincant : l'ancien des Pacers croit en lui et son duo avec Westbrook puis prolonge pour quatre saisons. Dans le même temps, le GM est une nouvelle fois actif. Quelques ajouts malins pour apporter de la profondeur... Mais le vrai mouvement est le départ de Melo. L'intégration ne s'est pas bien faite et le trio ne fonctionne pas. Le dirigeant ne perd pas de temps et se sépare de l'ailier aussi vite que possible. En échange, il obtient Dennis Schroder. Encore une fois, la régulière est belle mais le Thunder va craquer : face à des Blazers, loin d'être favoris, l'équipe s'incline en cinq matchs. L'intersaison 2019 approche et l'avenir d'OKC va changer à jamais.
- Les premières pierres du nouveau projet
Cette nouvelle déception va accélérer le démentèlement du Thunder : Kawhi Leonard rejoint les Clippers... mais souhaite la venue d'une autre star. L'ailier s'entend avec Paul George, qui va demander son trade. Ainsi, Sam Presti va se résoudre à l'inéluctable : casser totalement son effectif. Exit l'ailier, mais aussi Russell Westbrook, qui part quelques jours plus tard. Avec ces deux départs, le General Manager fait le plein de choix de Draft... qui afflueront dans l'Oklahoma jusqu'en 2026 ! Au-delà de ce draft capital important, le Thunder acquiert quelques joueurs qui seront essentiels : Chris Paul, Danilo Gallinari... et un certain Shai Gilgeous-Alexander. Le même été, la franchise donne sa chance à un arrière non drafté : Luguentz Dort.
A la surprise générale, OKC va réaliser une excellente saison 2019-20. Malgré les conditions particulières, l'équipe ira jusqu'en Game 7 lors de premier tour des Playoffs, avant de s'incliner face à Houston. Après cette belle aventure, les dirigeants appuient sur le bouton rouge. Billy Donovan est viré et laisse sa place à Mark Daignault, Chris Paul, fort de son retour au premier plan, est envoyé à Phoenix tandis que Dennis Schroder finit aux Lakers. S'ensuit un magnifique tanking : 22 victoires en 2020-21 et une belle 14e place à l'Ouest. Avec le sixième choix de la Draft 2021, le Thunder sélectionne Josh Giddey. Mais OKC possède des picks au second tour. Ainsi, Aaron Wiggins est pris en 55. Une nouvelle saison de tanking se profile et cette fois-ci, OKC décroche le jackpot : la franchise hérite du pick 2 à la Draft. Chet Holmgren arrive dans la raquette, gros point faible de l'équipe. En plus, Sam Presti dispose d'autres assets pour construire sa construction le même soir : Jalen Williams (en 12) puis Jaylin Williams (en 34) rejoignent l'équipe.
- 2022-2023 : la saison de l'envol
Parti sur de nouvelles bases, le Thunder est ambitieux pour la saison à venir. Mais c'était sans compter sur les blessures. Au cours de l'été, Chet Holmgren, tout fraichement sélectionné, se blesse et sera absent toute la saison. Et pourtant, Oklahoma va surprendre son monde : 40 victoires ! Shai Gilgeous-Alexander passe un énorme cap. Il devient All Star, intègre la All NBA First Team, en scorant 31 points de moyenne. Trop juste pour sortir victorieux du play-in, OKC prouve qu'il est le futur. Dès 2023-24, la progression est fulgurante : l'équipe gagne 57 matchs et finit première de l'Ouest. Holmgren commence sa carrière et terrorise tout ceux qui pénètrent dans la peinture, tout en optimisant l'attaque de Mark Daignault avec son profil de pivot shooteur. Shai confirme et termine deuxième du MVP quand Jalen Williams s'affirme comme une deuxième option fiable.
Le 5 Majeur Gilgeous-Alexander, Dort, Giddey, Williams, Holmgren est incroyable. En sortie de banc, Cason Williams, rookie, se montre déjà précieux tandis que les Wiggins et Jaylin Williams, choisis au deuxième tour, poursuivent leur progression, tout comme Isaiah Joe, récupéré gratuitement après que Philly l'a coupé. Vaincu de peu par Dallas au deuxième tour, le Thunder n'est pas très loin du compte. Et un homme va vivre une intersaison compliquée : Josh Giddey.
- la consécration
Presque inutilisé face aux Mavs, les faiblesses de l'Australien furent exposées au grand jour. Aussi, c'est la fin de sa troisième saison. Par conséquent, il faudra négocier pour une éventuelle prolongation anticipée. Que nenni pour Sam Presti. Le General Manager n'a pas le temps. Il le sait mieux que quiconque : s'il y a une occasion de remporter le titre, il faut foncer, le futur étant imprévisible. Ainsi, le Front Office choisit de se séparer de son joueur en échange d'Alex Caruso. La franchise a beaucoup de cap et elle va l'utiliser en recrutant Isaiah Hartenstein. L'effectif est désormais renforcé : OKC est candidat au titre. Et la saison va confirmer cela : 68 victoires ! Malgré les soucis physiques d'Holmgren, l'équipe écrase tout et réalise l'un des meilleurs bilans de l'histoire NBA. Etouffant défensivement, létal offensivement, ce groupe va rouler sur la concurrence. Shai Gilgeous-Alexander remporte le titre de MVP, Luguentz Dort réalise un énorme boulot sur les meilleurs attaquants adverses et aurait pu remporter le titre de DPOY. Jalen Williams devient All Star. Il faut désormais confirmer en Playoffs. L'équipe marche sur Memphis avant une énorme bataille face aux Nuggets, qui se termine en 7. Les Wolves ne font pas le poids en finale de conférence. OKC n'est plus qu'a quatre victoires du titre. Face à eux se dressent les Pacers. Indiana poussera le Thunder dans ses derniers retranchements mais finira par s'incliner. C'est désormais acté : Oklahoma est champion NBA.
Après toutes ces péripéties, les joies et les déceptions, Sam Presti à parachever son oeuvre. Les détracteurs ont longtemps reproché au General Manager sa gestion du cas Harden. Puis est venu le départ de Kevin Durant et l'échec de la construction autour de Russell Westbrook. Malgré plusieurs ères de dominations, jamais cette franchise n'était parvenue à aller au bout. Le travail du GM est enfin récompensé. Et ce n'est pas fini : l'an dernier, il a drafté Nikola Topic, qui n'a pas encore foulé les parquets. L'équipe est jeune et sous contrat pour une longue durée, avec encore des tonnes d'assets à disposition. Le Thunder peut rêver d'une dynastie. Suffisant pour faire du patron d'OKC un des meilleurs dirigeants de l'histoire ?