Sacramento Kings 2020-2021 : Nouvelle saison au purgatoire ?

Après une saison décevante, les Kings peuvent-ils redresser la barre ? Avec un effectif jeune, mené par De'Aaron Fox, ils doivent montrer un état d'esprit à la hauteur de leurs rêves de playoffs lors de la saison à venir.

 

Darling de la saison 2018/2019, les Kings espéraient les playoffs à l’aune de la saison 2019/2020. En intégrant Trevor Ariza, Dewayne Dedmon ou Richaun Holmes lors de l’intersaison, l’effectif devait franchir le dernier palier avant les playoffs. Rien ne s’est passé comme prévu. Le changement de coach, avec l’arrivée de Luke Walton (qui avait des problèmes judiciaires) en lieu et place de Dave Joerger, n’a pas eu l’effet escompté. L’ancien entraîneur des Lakers a eu du mal à mettre son plan de jeu en place durant cette longue saison, qui a débuté par cinq (lourdes) défaites consécutives… En perdant Marvin Bagley III dès le premier match de la saison, il faut admettre que rien ne fut facile du côté de Sacramento. Cette équipe n’a jamais montré un état d’esprit et une motivation suffisante pour renverser la vapeur et réaliser la série de bons résultats nécessaires pour accrocher une hypothétique huitième place. Entre un Marvin Bagley III, censé exploser cette saison, qui n’aura foulé les parquets qu’à 13 reprises, un Buddy Hield, aspirant All-Star (et star auto-proclamée) ou un Harrison Barnes toujours aussi limité, les raisons sont multiples pour évoquer l’échec de Sacramento à former une équipe ambitieuse lors de la saison écoulée.

 

Marvin Bagley, bien qu’intéressant dès qu’il est sur le terrain, fut remplacé dans le cinq majeur par un joueur différent : Nemanja Bjelica. Intérieur fuyant, ce dernier a réalisé une saison convaincante à 31 ans mais ne put changé à lui seul le destin de cette franchise. Autre membre éminent du cinq majeur de la saison écoulée : De’Aaron Fox. Dans ce fouillis de basket,  le meneur star de l’équipe, fut également éloigné (notamment pour une entorse à la cheville) des parquets durant une vingtaine de rencontres, ce qui ne l’a pas aidé à trouvé un rythme de croisière idéal pour performer. Remplacé par le valeureux et expérimenté Corey Joseph, le style de jeu pratiqué par l’équipe s’en est ressenti. Incapable d’enchaîner les victoires, les déceptions se sont accumulées pour les fans des Kings. Malgré quelques cartons de Buddy Hield, ce dernier n’est pas un franchise player (quoiqu’il en pense). Bogdan Bogdanovic fut intéressant par sa capacité de création mais il a besoin d’un collectif au diapason pour que son influence déteigne sur ses coéquipiers. Ce ne fut pas le cas. Trevor Ariza n’a jamais joué le rôle de mentor espéré et s’est détaché des résultats de cette équipe, prouvant que sa venue était davantage guidée par l’argent que par une réelle volonté de performer. Indigent des deux côtés du terrain, l’ailier fut transféré avec Caleb Swanigan contre Kent Bazemore et Anthony Tolliver en début d’année 2020, alors que les Kings enchaînaient huit défaites consécutives, sans voir le bout du tunnel. L’arrivée de Bazemore, connu pour sa capacité à scorer, fut intéressante pour Sacramento, qui a également évacué Dewayne Dedmon quelques semaines plus tard. L’intérieur fut renvoyé à Atlanta contre Alex Len et Jabari Parker à la trade deadline. Incapable de s’intégrer dans le système de jeu de Luke Walton, l’intérieur n’a pas montré la même capacité à écarter les défenses que la saison précédente (déjà sous le maillot des Hawks). Son passage aux Kings sonnera comme un échec.

 

Alex Len s’est affirmé comme une rotation intéressante derrière Richaun Holmes ; LA bonne surprise de la saison pour Sacramento. Dur au mal, intéressant au rebond et capable de finir près du cercle, l’intérieur s’est racheté une côte sympathique après un passage infructueux aux Suns. Sa relation avec Fox fut intéressante et complémentaire. A partir de la fin janvier 2020, Luke Walton put compter avec la majeure partie de son groupe et la dynamique changea quelque peu. En remportant de belles victoires, cette équipe était en train de redresser la barre jusqu’à l’arrêt prématuré de la saison.

 

Avec son style de jeu lent (malgré des joueurs jeunes et athlétiques), un déficit réel de talent sur le poste d’ailier, et un état d’esprit faillible, Sacramento fut tout de même convié à la bulle avec la possibilité de prétendre arracher un ticket pour les playoffs. En enchaînant trois défaites consécutives dès le début du rendez-vous d’Orlando, ils ont sacrifié leurs espoirs de terminer à la huitième ou la neuvième place. Une ultime victoire scellera une saison placée sous le signe de la déception tant ils n’ont jamais donné l’impression de réellement exploiter leur potentiel.

 

 

Arrivées : Tyrese Haliburton, Hassan Whiteside, Frank Kaminsky

Départs : Harry Giles, Kent Bazemore, Bogdan Bogdanovic

 

 

Meneurs : De’Aaron Fox, Tyrese Haliburton, Cory Joseph, Jahmi’us Ramsey

Arrières : Buddy Hield, Kyle Guy, DaQuan Jeffries, Justin James

Ailiers : Harrison Barnes

Ailiers-forts : Marvin Bagley III, Nemanja Bjelica, Chimezie Metu, Jabari Parker, Rober Woodard II

Pivots : Richaun Holmes, Hassan Whiteside, Frank Kaminsky

 

 

PG : De’Aaron Fox SG : Buddy Hield SF : Harrison Barnes PF : Marvin Bagley III C : Richaun Holmes

 

De’Aaron Fox vient de signer un énorme contrat (163M sur 5 ans). La franchise veut faire de son jeune meneur sa figure de proue pour les années venir. Logique au vue des performances sur le terrain du général en chef des Kings. Depuis son arrivée dans la Grande Ligue, il n’a eu de cette de progresser. Malgré une saison dernière quelque peu minée par les blessures, son talent est tel que Sacramento n’avait le choix que de lui proposer un tel contrat. Solide défenseur, aussi bien capable de tenir son vis-à-vis en un-contre-un grâce à une belle mobilité latérale que de jouer l’interception grâce à son envergure, il est motivé par le défi que lui impose ce côté du terrain. Véritable dragster (grâce à d’énormes qualités d’explosivité),, il n’est jamais aussi efficace que sur le jeu de transition. Il s’est bien amélioré dans sa capacité à voir le jeu sur demi-terrain et possède désormais un arsenal assez complet. Toujours aussi impressionnant par sa capacité à driver et finir près du cercle, il doit encore progresser sur son tir longue distance (seulement 29% de réussite sur 3.6 tentatives par rencontre la saison dernière) ainsi que dans la gestion des temps forts et des temps faibles. Au vue du contrat qu’il vient de signer, il doit franchir le dernier palier qui le mènera vers le All Star Game. Autre gros contrat du backourt : Buddy Hield. L’arrière de 27 ans s’est également affirmé au fil des saison comme un joueur NBA. Grâce à sa capacité à scorer de loin, il est un joueur référencé à son poste. La question qui s’est posée en fin de saison dernière fut de savoir s’il n’était pas meilleur en sortie de banc plutôt qu’en tant que titulaire ? Cette saison, avec le départ de Bogdanovic, la question ne se posera plus. Excellent shooteur, capable d’être intéressant au rebond ou à l’avant dernière passe, il souffre en défense face à des joueurs souvent plus grand que lui. Sa capacité à créer pour lui-même et son état d’esprit en font un excellent joueur de banc. Sa complémentarité avec un joueur comme Fox (ayant lui-même besoin de la balle entre les mains pour exister) laisse à désirer lorsqu’ils sont tous les deux dans le cinq majeur. A Luke Walton de trouver les solutions pour faire briller ses deux joueurs simultanément.

 

A l’aile, il n’y a pas l’embarras du choix et c’est encore Harrison Barnes qui devrait s’y coller. Lui aussi détenteur d’un gros contrat au vue de ses performances sur le parquet, l’ailier est un bon joueur de complément, jamais aussi fort qu’étant une quatrième option dans une équipe. Néanmoins, sa capacité à scorer est trop souvent utilisée pour un joueur qui ne deviendra jamais une star. Il doit prendre davantage de rebonds tout en se montrant davantage véloce dans ses missions défensives pour être une pierre angulaire de cette équipe de Sacramento.

 

A l’intérieur, les questions sont multiples. Deuxième choix de la draft 2018, Marvin Bagley III tarde à confirmer les espoirs placés en lui, la faute à des blessures à répétition. A l’issue de la prochaine saison, pourrait-lui être apposé le titre de « mauvaise pioche » (si ce n’est pas déjà le cas) alors que Luka Doncic, Jaren Jackson Jr ou Trae Young ont été draftés après lui. Très explosif, le joueur brille également sur contre-attaque. Lors de sa première saison, il a montré des choses intéressantes par sa capacité à se frayer un chemin près du cercle. Il est capable de poser le ballon au sol et de finir en haute altitude. Plutôt bon rebondeur (notamment offensif), il souffre de vraies carences sur le plan défensif. Naif, frêle physiquement, il est même limité par son QI basket de ce côté du terrain. Incapable de scorer à trois-points, il doit développer un tir derrière l’arc pour exister en tant que stretch four dans la NBA actuelle. Doté d’un vrai potentiel (et d’une vraie complémentarité avec Fox), il faut espérer qu’il soit épargné par les blessures pour qu’il montre enfin son potentiel.

 

A ses côtés, l’inusable Richaun Holmes devrait être titulaire, malgré l’arrivée de Hassan Whiteside. L’intérieur est plutôt intéressant en défense (bien qu’il ne joue pas un grand rôle dans la dissuasion) et au rebond. Contrairement à d’autres de ses camarades, il ne ramassera que les miettes en attaque et s’en contentera. Limité face à des intérieurs plus mobiles et/ou talentueux, il apportera régulièrement un double-double bienvenue dans une équipe faiblarde au rebond la saison dernière.

 

 

Corey Joseph est le meneur backup attitré de De’Aaron Fox. Le meneur de jeu vétéran a l’habitude de jouer ce rôle. Sa capacité à faire tourner un collectif, à poser le jeu tout en apportant sa petite pierre à l’édifice au scoring en font une rotation viable et cohérente sur ce poste. La deuxième rotation sur le backourt se nommera Tyrese Haliburton. Le combo guard rookie, drafté en 12ème position, pourrait être l’un des steals de la dernière draft. Censé être sélectionné dans le top 10, le meneur, très frêle a connu une chute dont ont su profiter les Kings. Bon défenseur (mais pas très explosif non plus), doté d’un shoot efficace (que certains trouvent trop lent) et d’une vraie capacité à driver une équipe, il est régulièrement comparé à Shaun Livngston avec lequel il possède des similarités sur l’allure générale (frêle et longueur de bras). Grâce à son QI basket, il peut occuper les postes 1 et 2. Il pourra jouer aux côtés de Corey Joseph en sortie de banc mais également suppléer Buddy Hield ou De’Aaron Fox au besoin. De sa capacité à être un couteau suisse efficace dépendra son temps de jeu. Les autres rotations sur le poste devraient bénéficier d’un temps de jeu moindre, bien qu’un Kyle Guy puisse apporter au scoring ou DaQuan Jeffries en défense sur les postes d’arrière et d’ailier. C’est d’ailleurs sur ce poste où il sera davantage attendu, étant donné la faiblesse de la rotation des Kings sur le poste d’ailier. Derrière Harrison Barnes, c’est le néant. Certes, Marvin Bagley III peut jouer quelques minutes (et encore c’est trop) sur le poste 3, tout comme Nemanja Bjelica ou Jabari Parker mais il faudrait recruter un backup attitré sur l’un des postes les plus importants de la NBA moderne. En effet, Nemanja Bjelica sera la principale option au scoring en sortie de banc grâce à sa capacité à écarter les défenses tandis que Jabari Parker est unidimensionnel. Dire qu’il s’agit d’un numéro 2 de draft… Enfin, Hassan Whiteside est de retour là où tout a commencé après avoir signé pour le minimum. Il arrive avec une réputation peu flatteuse bien qu’il puisse avoir l’ambition légitime de prendre la place de Richaun Holmes dans le cinq majeur. Capable du meilleur comme du pire, il faudra peut-être compter sur Whiteside cette saison. A savoir dans quel état d’esprit il arrive : celle d’un joueur revanchard, sortant d’une grosse saison statistique, auquel aucune équipe n’a jugé bon de lui proposer un contrat, la faute à un mauvais état d’esprit ; ou celle d’un joueur toujours aussi sûr de lui, revendiquant des minutes auxquelles il ne peut pas prétendre car pas concerné. Frank Kaminsky sera précieux par sa capacité à écarter les défenses sur le poste 5 : un profil dont ne disposait pas les Kings avant son arrivée (sauf l’échec Dedmon).

 

 

Comme évoqué à de nombreuses reprises, le jeune intérieur a vécu deux premières saisons galères chez les Kings. Freiné par les blessures, il n’a jamais pu trouver de la régularité dans ses performances. Il doit désormais s’affirmer comme un vrai talent doté d’un potentiel justifiant d’une deuxième place de draft. S’il est épargné par les blessures, le joueur doit tourner en double-double tous les soirs tout en se montrant impliqué sur le plan défensif. Il possède de vrais attributs physiques et techniques. C’est une sorte de vraie départ pour un joueur au talent offensif évident, auquel il faudra confier quelques responsabilités offensives, afin qu’il puisse se montrer dans un cinq majeur, doté de gros croqueurs de ballon.

 

 

- Un meneur All Star dans l‘effectif : Avec un tel contrat, De’Aaron Fox doit prouver qu’il a la stature d’un All Star. Nul doute qu’il en a la détermination et le talent. Cette saison pourrait être la saison de la confirmation pour lui. S’il progresse sur son tir tout en étant davantage un leader, il pourrait être auréolé d’une première étoile.

 

- Des jeunes joueurs motivés et revanchards : Entre un Marvin Bagley III qui doit faire oublier ses blessures, un Tyre Haliburton choisi trop bas, un Buddy Hield souvent moqué pour ses déclaration ou un De’Aaron Fox qui a encore quelques œillères, cette équipe peut être motivée car elle a le talent nécessaire pour faire taire leurs détracteurs.

 

- Un effectif peu changé : Entre la fin de la saison dernière (plutôt réussie) et maintenant, peu de joueurs ont changé. Si l’état d’esprit et le style de jeu restent les mêmes, une bonne surprise pourrait être au rendez-vous pour les Kings.

 

 

- La profondeur sur le poste d’ailier : il manque une rotation intéressante sur le poste 3. Au sein de la Conférence Ouest, c’est un impératif. Le seul Harrison Barnes ne peut assumer seul les responsabilités sur ce poste

 

- Le manque de modernité de l’effectif : il manque de modernité dans cette équipe. Le secteur intérieur est composé de joueur assez unidimensionnel. Harrison Barnes est un joueur intéressant mais limité sur le poste d’ailier tandis que De’Aaron Fox et Buddy Hield présentent des qualités « à l’ancienne » : l’un est un meneur athlétique bon défenseur dénué de tir à trois-points tandis que l’autre n’est là que pour inscrire des panier

 

- L’absence de vétérans expérimentés : certes, l’expérience Trevor Ariza fut un véritable échec. Il n’empêche que les équipes qui franchissent un cap le doivent souvent à un ou deux joueurs de complément susceptibles d’être des leaders de vestiaire. On a du mal à voir Hassan Whiteside dans ce rôle la saison prochaine.

 

 

Luka Walton va-t-il parvenir à imprimer sa marque sur ce groupe ? De la réponse à cette question dépend la majeure partie de l’avenir des Kings. Si les joueurs et le coach font front commun, l’équipe possède une expérience commune intéressante ainsi que du talent sur tous les postes. Le côté injury prone de certains joueurs fait également naître certains doutes autour des résultats à venir de cette équipe. Avec un manque de profondeur de banc sur les postes 1 à 3, il faut espérer que les joueurs restent suffisamment en forme pour encaisser une saison qui s’annonce chargée. L’objectif raisonnable est celui d’accrocher une dixième place synonyme de place de barragiste pour les playoffs. Cette équipe est capable d’y parvenir.

 

 

30 victoires / 42 défaites : 10ème de la Conférence Ouest