Que faire pour les Grizzlies ?

Entre la suspension de Ja Morant et les blessures qui plombent un peu plus chaque jour l'effectif des Grizzlies, Memphis est dans les bas-fonds de la NBA depuis le premier jour de la saison.

Les jours passent et se ressemblent à Memphis. Déjà bien handicapés par l'absence de Ja Morant qui doit purger une suspension de 25 matchs suite à ses histoires d'armes montrées sur Instagram, les Grizzlies voient l'infirmerie se remplir de plus en plus. Brandon Clarke s'est blessé au talon d'achille l'an dernier, manqua toute la fin de saison et ne reviendra pas avant 2024 au mieux. Quant à Steven Adams, l'annonce de son forfait pour l'entièreté de la saison fut un véritable coup de massue, poussant Taylor Jenkins a composé avec deux titulaires et un energizer en sortie de banc en moins. 

 

Et malheureusement la série noire se poursuit. Opposé aux Lakers la nuit dernière, Memphis a vu Marcus Smart, l'un des rares éléments à avoir disputé toutes les rencontres cette année, lâcher ses coéquipiers après une blessure à la cheville. De quoi décimer un peu plus le backcourt, alors que Derrick Rose n'a joué que quatre matchs avant un problème au genou. De quoi obliger Taylor Jenkins à se creuser la tête tous les soirs pour aligner un cinq majeur, et organiser ses rotations derrière. A l'ancien des Celtics, seuls Jaren Jackson Jr, Desmond Bane et David Roddy furent en tenue pour l'ensemble des matchs. 

 

Cela s'en ressent sur les résultats : seulement deux victoires en 11 rencontres. Un bilan catastrophique, expliqué en partie par l'absence d'éléments majeurs, dont le franchise player qui tournait à 26 points et 8 passes l'an dernier. Quant à Steven Adams et Brandon Clarke, ils apportent pas loin de 20 points et 15 rebonds en cumulé, deux secteurs qui font cruellement défauts aux Grizzlies cette saison : la franchise est dans le dernier tiers en ce qui concerne les rebonds ramassés tous les soirs, et surtout possède l'avant dernier offensive rating ! Malgré une défense moyenne qui tient la route car cet effectif se bat bien, et en possession des deux derniers DPOY, Memphis est avant dernier lorsque le l'on regarde le net rating (différentiel entre l'offensive et defensive rating). 

 

Ce bilan aurait cependant pu être un peu différent. Sur les neuf défaites, six se sont jouées dans le Money Time avec un écart inférieur à 10 points. Comment expliquer cela ? Le manque de talent. Avec toutes ces absences, le scoring repose beaucoup sur les épaules de Desmond Bane, compère de Morant sur les lignes arrières. En constante progression sur ses quatre premières années dans la ligue, l'arrière assume ce rôle avec 25 points par match et des pourcentages tout à fait corrects au vu du volume. Mais derrière lui, c'est plus compliqué. Monstre défensif, Jaren Jackson n'a pas encore réglé la mire et se montre moins efficace que l'an dernier, en prenant un poil plus de shoots. D'autant qu'il doit continuer à exceller de l'autre côté du terrain. Toujours bousculé au rebond, l'intégration de Bismack Biyombo dans le cinq lui fait du bien de ce côté. Marcus Smart essaye de peser, mais jamais reconnu pour son efficacité au shoot, c'est encore le cas cette saison malgré sa dizaine de points inscrits et ses cinq caviars. 

 

Lâché par Dillon Brooks, pas prolongé cet été, le poste 3 pose toujours question à Memphis où Ziaire Smith est encore inconstant et trop inefficace malgré un talent évident et des séquences intéressantes. Lors des derniers matchs, Taylor Jenkins a mis Jacob Gilyard dans le grand bain. Le meneur d'1m75 incite Bane à se décaler dans l'aile. Et le projet n'est pas désastreux, loin de là : sans être transcendant, le sophomore réalise des performances correctes, se montrant adroit de loin et en faisant tourner le cuir. Derrière c'est compliqué, avec des jeunes qui ont certes du temps de jeu et une production un peu meilleure, mais cela ne suffit pas pour Memphis, souvent trop court à l'arrivée et qui enfile les défaites comme des perles.

 

Si au retour de Ja Morant le bilan est toujours catastrophique, une grosse question se posera : que faire pour la suite ? Le meneur, sauf pépin physique, sera utilisable le 23 décembre. Les Grizzlies sont bien gérés avec des finances saines, et surtout ils possèdent leur pick pour la prochaine Draft. Avec un départ aussi difficile viendra le moment de choisir un chemin : soit le retour du franchise player suffit à Memphis pour remonter dans la hiérarchie à l'Ouest, soit le Front Office optera pour avoir le meilleur choix possible à la Draft. Si la deuxième option est choisie, cela pourrait se révéler être un mal pour un bien : selon les premières mock draft, plusieurs ailiers sont attendus dans le top 10. Si jamais aucun ne parvient à convaincre les Grizzlies qu'il sera l'élément qui fait de la franchise un contender, ce sera un asset très intéressant pour réaliser un trade et faire venir la pièce manquante dans le cinq majeur. 

 

Cependant, la saison est encore longue et beaucoup de choses peuvent évoluer d'ici avril. Il n'empêche que Memphis se trouve dans une drôle de situation : après deux exercices conclus à plus de 50 victoires, et indépendamment de leur volonté, les dirigeants feront face à un dilemne qui peut drastiquement changer le futur de la franchise, elle qui rêve certainement d'imiter Denver, et d'atteindre les finales NBA puis accrocher une bannière dans les prochaines années.