Cinq hommes en sursis en 2014-15

Après la saison compliquée voire chaotique qu'ils viennent de passer, ces joueurs sont attendus au tournant l'année prochaine. La suite de leur carrière dépend sans doute de la prochaine copie qu'ils vont rendre.

En l'espace de quelques semaines, celui qui était le rempart principal de la défense inviolable des Pacers s'est transformé en fantôme. On le voyait déjà défenseur de l'année en novembre, il n'était même plus capable de prendre un rebond en avril. Difficile de retrouver un exemple équivalent d'une telle dégradation qui ne soit pas due à une blessure, un problème privé, ou un changement radical de coaching.

C'est comme si le All-Star break avait brisé l'envie et la confiance d'Indiana, et qu'Hibbert avait tout pris sur lui: 11.8 points, 7.7 rebonds, 2.5 contres jusqu'à mi-février ; 8.9 points, 4.7 rebonds, 1.8 contres sur le reste de la saison régulière.

Surtout, sa présence sur le parquet donnait un avantage moyen de 12.7 points aux Pacers sur cette première période. Sur les deux derniers mois, son temps de jeu leur faisait perdre 3.1 points ! Un joueur indispensable est devenu un poids, notamment sur le plan offensif.

Le grand Roy aura ensuite imité les montagnes russes à merveille lors des play-offs : très inquiétant contre les Hawks, il a semblé remotivé par l'enjeu contre les Wizards mais sans trouver une régularité (zéro points et rebonds un soir, il en inscrit 28 et neuf au match suivant). Son bilan n'est pas exécrable face au Heat (10.8 points, 7.7 rebonds) mais il n'aura fait que nager et couler avec le reste du navire. Contrairement à ses coéquipiers qui auront pris les devants à certains moments (David West et Paul George pour éviter la honte, Lance Stephenson pour faire douter les champions en titre), Roy Hibbert n'aura pas eu d'impact sur le parcours des Pacers.

 

Si le talent du pivot de 27 ans n'a rien de détruit, les questions sur son mental vont sans doute le suivre jusqu'à la fin de sa carrière. Hibbert n'est plus un débutant, il reste sur deux Finales de Conférence, mais même si sa prochaine saison est excellente, il y aura toujours des doutes sur ses capacités quand arrivera la post-season. Le n°44 n'a plus droit à l'erreur, et personne ne lui fera de cadeau avant le printemps prochain.

Premier espoir de Milwaukee depuis un bout de temps, le chouchou des insiders a dégringolé cette saison : bagarre, mis à pied, puis grosse blessure, et suspension pour usage de marijuana, « LARRY SANDERS! » l'athlétique shotblocker a beaucoup déçu en l'espace de six mois.

 

Alors qu'il avait terminé l'exercice 2013 avec un bulletin de notes très respectable (9.8 points, 9.5 rebonds, 2.8 contres en l'espace de 27.3 minutes de moyenne) et une troisième place à l'élection du MIP, l'intérieur a joué 23 rencontres cette année avec une baisse significative dans tous les domaines (7.7 points, 7.2 rebonds, 1.7 contres pour un temps de jeu équivalent).

 

Démarrer chez les Bucks n'est déjà pas facile pour se faire un nom, alors autant éviter de se mettre soi-même des bâtons dans les roues. Surtout que Larry avait un boulevard pour progresser : une concurrence limitée dans un effectif sans ambition et un contrat tout neuf qui lui garantit 44 millions de dollars sur quatre ans.

 

Depuis, Sanders s'est fait doubler dans le cœur des fans par le très prometteur Giannis Antetokounmpo, un gamin de 19 ans sincèrement sympa qui peut jouer arrière ou ailier, un gros physique doué au rebond, au contre et à trois points. Et l'intersaison l'a encore un peu plus écarté de la lumière avec l'arrivée du numéro deux de la draft Jabari Parker, dont on attend à ce qu'il prenne rapidement les rennes de l'équipe. Ah oui, et Jason Kidd débarque pour coacher les Bucks.

Larry a perdu un an et va maintenant devoir s'adapter à un nouveau système et retrouver une crédibilité auprès de ses coéquipiers et ses supérieurs.

Le symbole du Miami Heat vient de changer de statut : après une fin de saison aussi difficile, D-Wade a clairement dit au revoir à son image de superstar. Lui qui aura compensé pendant des années ses problèmes physiques, limité son temps de jeu pour rester compétitif et efficace n'a plus la forme pour se battre avec l'élite.

Attention, Wade n'est pas mort, il entre juste dans la dernière phase de sa carrière : un dernier contrat longue durée dans un rôle d'option numéro deux ou trois. Peu importe qui portera le maillot floridien en octobre prochain, « Flash » ne pourra pas être le chef d'orchestre de cette équipe.

 

Est-il prêt à prendre la place du sixième homme ? Wade connaît ses forces et surtout ses spots de prédilection (54.5 % de réussite à deux points !). Son profil est à la fois un avantage et un obstacle : il n'a jamais été et ne sera jamais un bon shooter extérieur (moins de 30% à trois points), l'argument qui fait de joueurs vieillissants des options de luxe pour les équipes qui visent le titre.

Wade a lui besoin d'avoir la balle en main, de se balader dans la raquette avec un goût grandissant pour le tir à mi-distance. Ça tombe bien : les poste 2 versatiles et expérimentés sont une denrée rarissime. Et 25 minutes d'un arrière vétéran prêt à donner quelques leçons aux jeunes guards de la ligue valent mieux que 32 minutes d'endurance avec de nouveaux risques de blessure.

Si le job l'intéresse, Dwyane le triple champion pourrait bien s'inspirer d'un de ceux qui lui ont retiré sa couronne, un certain Manu Ginobili.

Ce n'est pas parce qu'on a déjà dégringolé qu'on ne peut pas continuer à le faire : après Philly et Cleveland, Andrew s'est montré inutile pour Indiana, qui lui avait pourtant offert un job en or. Bynum a brulé tellement de cartes, c'est à se demander si son jeu n'est pas rempli de jokers. Après avoir joué les rebelles chez les Cavaliers jusqu'à se faire virer en janvier, il n'a jamais pu trouver sa place dans l'effectif des Pacers. Il faut dire que Roy Hibbert a eu peur de la concurrence de l'ancien espoir made in L.A.

Et puis au-delà de son comportement, c'est l'état de ses genoux qui préoccupe. Comme chaque année depuis environ six ans. Bynum n'aura fait que deux matchs (potables) sous le maillot d'Indy. On pensait qu'il restait au repos pour un éventuel coup de main en play-offs, mais il a finalement terminé la saison à l'infirmerie.

 

Trois ans, 26 rencontres jouées. Sans doute l'information qui ferait douter tout GM prêt à lui donner une nouvelle chance.

Sur le papier, Andrew Bynum a pourtant huit ans de carrière à seulement 26 ans, deux titres, et était membre du deuxième meilleur cinq de la NBA il y a à peine deux ans. Un pivot de 2m11 massif efficace en attaque, capable de rivaliser physiquement avec la plupart des intérieurs, et libre de tout contrat.

On serait tenté de voir ces deux dernières saisons comme une vilaine parenthèse pour un homme qui a tourné à plus de 55% aux tirs six années de suite chez les Lakers et qui a montré un impensable 41 % en 2013-14. Mais qui va prendre le risque d'engager un caractériel fragile ?

Après tout, on ne sait plus quoi attendre de sa part : il pourrait afficher un double-double en 2015 tout comme passer son temps sur le banc, voire chez lui à attendre une proposition, que ça ne choquerait personne. C'est le problème d'avoir tout vu et tout vécu trop tôt : la carrière de Bynum est devenue banale.

Compte tenu de la situation dans le Minnesota, le magicien espagnol déçoit plus qu'il n'émerveille. Au-delà des highlights, il a bien fallu admettre que son rendement était plutôt moyen, avec un problème continuel aux tirs. Alors que Kevin Love subit les critiques internes sur son rôle de leader, Rubio ne semble pas prêt à mener les opérations si l'ailier fort le plus complet de la ligue venait à quitter les Wolves. Tout simplement parce qu'il n'a pas progressé depuis sa première année.

 

Certes, le meneur est un passeur génial et un très bon voleur de ballons, mais ses faiblesses n'ont pas l'air de se corriger après trois ans en NBA (38 % d'adresse en 2013-14, son meilleur résultat!). Avec 9.5 points de moyenne pour sa première saison complète, il n'a été que le cinquième marqueur de son équipe. Ce qui préoccupe le plus, c'est qu'on a l'impression que son travail est figuratif : alors que Love a apporté 14.3 win shares aux Timberwolves, Rubio (n°4 dans toute la ligue en passes, n°2 en interceptions), n'est responsable que de 5.9 victoires, un score égal à celui de Nikola Pekovic. Ricky sait mener mais ne fait pas gagner. 

 

Encore sous son contrat de rookie jusqu'en 2015, Ricky reste une valeur sûre dans ses domaines de prédilection, et pour seulement cinq millions de dollars. Mais la grosse extension qui lui était promise (et qui a empêché au passage Kevin Love d'obtenir le maximum possible) va peut-être être revue à la baisse s'il n'est pas plus efficace la saison prochaine.