Brandon Roy, l'étoile filante de Portland

Quand on pense aux destins tragiques de NBA, on pense de suite à des noms comme Derrick Rose, Yao Ming ou encore Grant Hill. Mais Brandon Roy est soit oublié, soit méconnu des fans. Voici son histoire.

 

Brandon Roy était donc arrière, avec un physique assez équilibré qui lui a permi d’être très complet. On parle ici d’un arrière scoreur d’1m98 pour 96kg, et sans son destin tragique, il y a fort à parier qu’il aurait fini par obtenir un titre de MVP. Excellent dribbleur, excellent shooteur, excellent au poste bas, excellent finisseur au panier que ce soit en dunk ou en layup ; bref B-Roy savait tout faire. Le 12x all defensive team Kobe Bryant (RIP) a même dit qu’il était le joueur le plus difficile à défendre car il n’avait aucune faiblesse dans son jeu.

 

 

Brandon a commencé à réellement s’intéresser au basket quand il a joué en AAU (Amateur Athletic Union), une ligue amateur américaine. Plus tard, dans les années 90, il jouera au camp de son futur coach Nate McMillan, alors joueur dans sa ville natale, Seattle. En 2002, il est considéré comme le 6ème meilleur arrière du pays par le site Scout.com. La même année, bien qu’étant lycéen, il s’inscrit à la draft, mais retire son nom au dernier moment préférant suivre un cursus universitaire.

 

 

Arrivé à entrer à l’université a déjà été un challenge pour Brandon. En effet, ses parents et son grand frère n’y sont pas allés, de plus, il a eu des problèmes d’apprentissage et de compréhension ecrite, ce qui lui a posé de sérieux problèmes pour avoir les notes suffisantes pour intégrer une université. Il y arrive finalement après 4 essais.

 

Il arrive donc à intégrer l’université de Washington où il peut montrer ses talents. En 2005, il hésite à inscrire son nom à la draft NBA mais change d’avis quand il apprend que deux de ses coéquipiers (Nate Robinson et Martell Webster) vont prendre leur envol dans la grande ligue. En restant à l’université sans eux, il espère avoir plus de temps de jeu, et ainsi augmenter sa position dans la draft l’année suivante.

 

Dans cette dernière année, Brandon Roy est monstrueux. Avec 20,2 points par match (avec des matchs à 40 minutes en moyenne), il mène son équipe à un bilan de 26 victoires pour 7 défaites. Il deviendra le 31ème joueur de Washington à avoir un total de plus de 1000 points, fera son record de points en université avec 35 unités (il réitèrera la performance de 35 points le match suivant). Il est finaliste de nombreux trophées et reçoit des honneurs de tout le pays. Son numéro 3 sera retiré par l’université de Washington en 2009. Plus tard, lors de la draft, il sera sélectionné en 6ème position mais échangé à Portland pour le 7ème choix par Randy Foye (arrivé de Boston) .

 

 

Son premier match dans la grande ligue est joué dans sa ville natale, Seattle. Dans ce match il inscrira 20 points, le match suivant 19. On peut clairement dire que ses débuts sont absolument fabuleux, malheureusement, une blessure au talon gauche l’empêchera de jouer une vingtaine de matchs dans ce début de saison. Malgré cela, il est quand même leader au scoring parmi les rookies avec 14,5 points en Janvier 2007, et participe au rookie challenge lors du all star week-end, c’est alors le premier blazer à participer au all star weekend depuis Rasheed Wallace en 2001. Il finira la saison avec 16.8 points, 4.4 rebonds et 4 passes décisives. Aussi, il recoit, avec 127 votes sur 128, le titre de rookie de l’année, en anglais ROY (avec un nom comme ça, comment voulez vous le donner à quelqu'un d'autre ?). Il est alors le 3ème joueur avec le moins de matchs joués dans une saison à avoir ce titre de ROY, les premiers étant Patrick Ewing et Vince Carter, tous deux à 50 matchs. (Depuis, Kyrie Irving et Lamelo Ball ont passé Roy avec 51 matchs, à noter que Carter, Irving et Ball ont eu moins de matchs dans leurs saisons à cause de lockout ou de la pandémie).

 

 

La saison suivante, Roy ne s’arrête pas de scorer, au contraire. Sur ses 48 premiers matchs de la saison 2007/2008, il plante 19.1 points, 5.8 passes et 4.6 rebonds, il mène son équipe sur une série de 13 victoires en décembre 2007, bref tout va pour le mieux pour lui et ses blazers. Il devient pour la première fois all star, et malgré une cheville droite douloureuse, totalisera 18 points et 9 rebonds dans le match des étoiles.

 

Pendant la présaison 2008, Roy subit une opération du genou gauche, il ne pourra donc pas s’entrainer pendant plusieurs semaines. Il revient tout de même assez tôt pour jouer le match d’ouverture contre les Lakers. Durant cette saison, il fera gagner son équipe d’un game winner de 9 mètres contres les Rockets, il plantera son plus haut total de points en carrière (52), égalisera le record d’interception des blazers avec 10. En février, il avait 24 tirs d’égalisation ou de la victoire mit dans les 35 dernières secondes. Cette saison, il finit 9ème à la course au MVP, et se retrouve dans la All-NBA second team, et est donc le premier blazer à figurer dans une All NBA team depuis la saison 1991-1992 avec Clyde Drexler.

 

En 2009, il signe un contrat max de 4 ans avec une cinquième en player option. La même saison il sera all star pour la 3ème fois mais ne jouera pas le match des étoiles à cause de deux blessures en janvier à l’ischio jambier droit. Début avril, il se blesse au genou droit, les IRM montrent une contusion et une déchirure. Il se fait opérer dans la foulée et est censé rater les play-offs, il reviendra finalement au match 4 du premier tour et permet à Portland de s’imposer.

 

 

Bien qu’ayant plutôt bien commencé, la saison 2010-2011 sera sa dernière sous le maillot des blazers. A partir de décembre, on le voit de plus en plus subir une douleur aux genoux. L’équipe l’annonce out pour une durée indéterminée, et est désormais forcée d’avoir Lamarcus Aldridge et Wes Matthews en premieres options offensive. Il se fait opérer en janvier et revient fin février inscrivant 18 points en sortie de banc (dont un 3pts clutch qui permet à portland de forcer la prolongation, qui se terminera sur une victoire pour la franchise de l’Oregon). Cette saison sera la pire de sa carrière, 12.2 points 2.6 rebonds et 2.7 passes.

Après ça, on se dit que la carrière de Roy est terminée, puisqu’il doit prendre des antidouleurs pour ne serait-ce que marcher. Pourtant, le meilleur moment de sa carrière arrive. Nous sommes au match 4 du premier tour des play-offs 2011, les blazers perdent 2-1 dans la série face aux Mavericks d’un grand allemand nommé Dirk Nowitzki. Roy est sur le banc, logique. Sur les 3 premiers quart-temps, il ne joue que quelques minutes, et ne totalise que 3 points. Le match prend une tournure de blow-out quand, à 1 minute de la fin du troisième quart temps, les Mavericks mènent de 23pts. C’est à ce moment que Roy rentre sur le terrain. Il commence par un gros 3 points pour se chauffer. Sur ce dernier quart temps, Roy sera inarrêtable : 18 points à 8/9 au tir (et on ne parle pas de petits layups, mais plutôt d’énormes shoots en sortie de dribble avec des défenseurs bien présents), des passes fabuleuses pour Batum ou Aldridge et bien sûr,  l’action à 4 points en toute fin de match pour redonner l’avantage à son équipe. Ce soir là, Roy a méprisé sa santé, detruit ses genoux et affronté la douleur pour défendre son équipe. Les Blazers finiront par perdre les deux matchs suivants et ainsi perdre la série 4-2 face aux futurs champions. Tout Portland pense que Roy va revenir encore meilleur qu’avant, mais hélas, c’était simplement un cadeau d’adieu, pour montrer à quel point il aimait cette équipe et ses fans.

 

Roy annoncera avant le début de la saison 2011 que la situation est devenue trop grave, et par conséquent annonce sa retraite. Portland utilisera la clause d’amnistie afin de débloquer le salary cap.

 

 

Après une opération de plasma riche en plaquettes (PRP) faite en juin 2012, Roy peut à nouveau jouer, mais cette fois-ci pas aux blazers à cause de l’utilisation de la clause d’amnistie un an auparavant, il signera finalement aux Timberwolves en tant qu’agent libre. Cette saison ne le fera pas revenir à son niveau d’antan, puisqu’il totalisera 5.8 points par matchs. Il dira « si, à un moment donné, tu dois quitter le jeu, il y aura des what-ifs. Je pense que j’ai pu répondre à ces questions quand je suis revenu pour avoir une deuxième chance. »

 

 

Il souffrira de dépression quelques années après son départ, en voyant notamment Damian Lillard arriver à Portland. Il s’en est mit à haïr le basket, mais finalement, il finira par se rendre compte que les fans l’aiment toujours autant, ce qui l’aidera à sortir de cette dépression qui le rongeait. Il officiera en tant que coach dans des lycées, et sera nommé coach de l’année en 2017 après que son équipe ait obtenu un bilan de 29-0.

 

Brandon Roy était un joueur avec un mental incroyable, du talent à ne plus savoir quoi en faire mais aussi quelqu’un qui a été injustement ciblé par les blessures. Son passage en NBA (6 saisons dont 2 très compliquées) a fait rêver les fans et montré que même en n’étant pas aidé par son corps, avec de la persévérance, tout est possible.