1984 - 2014 : Bye Bye David Stern

David Stern tire sa révérence après 30 ans passés au sommet de la NBA. Nous vous proposons de revenir sur les faits marquants de sa carrière.

C'est la fin d'une ère en NBA puisque l'organisation perd un personnage fort : David Stern. Ce dernier est le commissaire de la NBA et il tire sa révérence après 30 ans de règne sur le championnat de basketball américain. Le témoin est déjà en cours de passation depuis plusieurs mois avec Adam Silver. Detesté, parfois incompris, il a pourtant participé, qu'on l'accepte ou non, à l'évolution de la NBA. Il sera l'homme qui va serrer la main de Michael Jordan, Hakeem Olajuwon, Charles Barkley ou encore John Stockton en 1984. En 1996, ce sera Kobe Bryant; en 2001, notre Frenchy Tony Parker, en 2002 Yao Ming et en 2003 LeBron James et pour sa dernière draft Anthony Bennett. Du beau monde durant toutes ces années.

Tout commence le 1er février 1984 lorsqu'il est nommé Big Boss de la NBA. Il faut se remettre dans le contexte de cette année-là, car la NBA est mal en point : les audiences sont en baisse, les salles ne se remplissent pas (moins de 60% de sièges occupés durant les matchs), les fans délaissent le basket pour d'autres sports, la ligue est entâchée de problèmes de racisme et de drogue. Bref, Stern a du travail.

 

Sa bataille sur les droits télévisuels sera le pilier de sa longue carrière. Dès 1984, il signe un contrat de 20 millions de dollars (à cette époque, c'est considérable) avec une chaîne de télévision pour la retransmission des matchs. En 1988, il obtient un contrat de deux ans pour 50 millions de dollars avec TBS et TNT. En 1990, on est à 900 millions de dollars pour 4 ans. Jusqu'en 2016, le contrat est de 1 milliard de dollars. Stern a géré ça d'une main de fer. La NBA est malgré tout devenu rentable avec 5,5 millions de chiffre d'affaire chaque année. Seul bémol, le magasin géant de la NBA sur la 5ème avenue de New York a dû fermer faute de résultats en lien avec le loyer annuel.

Il reste un personnage particulier, qui agace souvent par ses décisions, mais aussi par des actions pas toujours très claires. 1985 marque le début des problèmes avec la draft. New York, avec 24 victoires pour 58 défaites, remporte le premier choix de la draft à la loterie dans des conditions assez suspectes. Les Knicks choisissent Patrick Ewing et beaucoup disent que New York a dû donner une grosse valise (remplie de dollars) à Stern pour obtenir ce premier pick. On ne saura jamais si ce fut le cas.

 

Bien des années plus tard, en 2008, l'histoire se répète. Les Bulls, franchise glorieuse du temps de Michael Jordan, est au plus mal ! Avec pourtant 1% de chance, elle remporte le premier pick et sélectionne Derrick Rose. Là encore, certains dénonceront un complot et un accord entre la ligue -et donc Stern- et les Bulls. Et puis, le transfert avorté de Chris Paul vers les Lakers restent dans toutes les têtes. Pour éviter un nouveau déséquilibre et favoriser encore une fois les Lakers, Stern mettra son veto sur un transfert, qui était réalisable, et enverra quelques jours plus tard Paul aux Clippers, beaucoup moins bien lotis alors. Ce veto restera pour de nombreux fans de la NBA en général une faute totale de Stern.

 

Les lock-outs vont aussi mettre à mal Stern. Celui de 1998, qui terminera le 20 janvier 1999, va être une bataille entre les joueurs, les propriétaires et Stern. Il faudra des mois de débats et de discussions pour trouver des compromis et faire débuter la saison. Celui de 2011 aura aussi fait très mal à la NBA, les fans ne comprenant pas toujours ses batailles de riches -propriétaires et joueurs. Là encore, la reprise sera un soulagement pour Stern.

 

Mais le plus dur pour Stern sera de comprendre les évolutions culturelles de la société, des joueurs et de la NBA. On voit les premiers conflits en 1994, époque de Jalen Rose notamment. Stern commence à perdre pied et à ne plus suivre ces jeunes joueurs qui débarquent. Mais c'est sans doute l'année 1996 qui marque la scission entre les joueurs et Stern. Un certain Allen Iverson arrive en NBA avec toute une culture que le boss ne comprend pas : violences, tatouages, hip-hop, culture de la rue, vêtements...Le look et la culture gangsta inquiètent fortement Stern (qui doit se faire de sacrés cheveux blancs), qui craint des excès et surtout la perte des fans NBA plutôt conservateurs. Un conflit de générations prend forme, et quoi qu'il en dise, il n'arrivera jamais à diminuer l'écart qui s'est creusé. Heureusement pour lui, ces dernières années, des nice guys sont arrivés en NBA (Stephen Curry en tête).

 

Stern voit les choses en grand depuis le début, tout le monde le sait, il a la folie des grandeurs. Il décide de créer de nouvelles équipes pour passer de 23 franchises à 30 (à l'heure actuelle). Dès 1988, Miami (Heat) et Charlotte (Hornets) sont sur la carte de la NBA. L'année suivante, ça continue avec l'arrivée d'Orlando (Magic) et Minnesota (Timberwolves). Stern choisit d'exporter la NBA chez son voisin du Canada avec deux franchises, une à Toronto et une autre à Vancouver (qui déménagera en 2001 à Memphis pour des raisons de rentabilité). La dernière arrivée date de 2004 avec une nouvelle franchise à Charlotte (les Hornets étant partis du côté de la Nouvelle-Orléans). Les franchises bougeront aussi, les Clippers partiront de San Diego pour Los Angeles, les Kings de Kansas City pour Sacramento et plus récemment les Sonics quittèrent Seattle pour devenir le Thunder d'Oklahoma City. Derniers changements : les Nets quittent le New Jersey pour rejoindre Brookyn en 2012 ; la Nouvelle-Orleans change de nom -des Hornets aux Pelicans- et Charlotte retrouve son nom Hornets dès la saison prochaine.

 

Il souhaite aussi exporter la NBA en Europe et surtout en Asie. Il organise des matchs de pré-saison un peu partout sur le globe, à Londres, Pékin, aux Philippines. Chaque saison, un match se déroule à Londres notamment, comme ce fut le cas dernièrement entre les Hawks et les Nets. Stern a bien compris que la NBA ne peut se limiter aux Etats-Unis. Quatrième sport, elle doit s'exporter dans des pays où la population joue au basket et regarde la NBA. Bien sûr Stern a toujours eu un oeil sur la Chine, véritable cœur de consommation de NBA. 

Ces plus fervents détracteurs lui reprocheront d'avoir modifié les régles du jeu et d'avoir finalement cassé le jeu tel que beaucoup l'aimaient avant. La NBA est-elle trop soft aujourd'hui ? Les stars sont-elles trop protégées ? Il est loin le jeu dur des Detroit Pistons d'Isiah Thomas, de la fougue d'un Dennis Rodman. Stern a au fur et à mesure ajouté des règles défensives strictes pour protéger les joueurs ou tout simplement empêcher les excès de violence sur les parquets. Des joueurs comme Steve Nash ont pu être dominants parce que Stern a modifié les règles.

 

Il luttera sans cesse contre toutes formes de violence avec en tête la célèbre bataille du Palace entre Detroit et Indiana. Là encore, il prendra des sanctions exemplaires : Ron Artest sera suspendu et son salaire gelé et 9 joueurs auront une longue suspension. En 2006, il prend une autre décision pour le jeu NBA. Il impose aux jeunes joueurs un minimum d'un an en université avant de rejoindre la NBA. Même si des joueurs comme Kobe Bryant ou Kevin Garnett et bien entendu LeBron James s'en sont très bien sortis, il ne veut plus de jeunes qui ne sont pas prêts à affronter la NBA et ses dérives (l'argent facile, les agents, les amis, les femmes...). Il considère que l'université apportera une maturité supplémentaire. Il a bien raison ! On prend le cas d'Andrew Bynum pour qui une année en NCAA lui aurait fait le plus grand bien. Mais, il y a aussi des échecs, Michael Beasley a passé une année à la fac et pourtant...et on ne vous parle même pas de Royce White ou Shabazz Muhammad.

 

Avec les évolutions culturelles, et le syndrome Allen Iverson, Stern impose, en 2005, un dress-code aux joueurs NBA les jours de match. Pour éviter de les voir arriver avec casquette, chaînes en or, bagues et baggy, il impose un dress-code. Les joueurs doivent être présentables et ne pas avoir de signes distinctifs de leurs origines culturelles. Après bien sûr, il y aura d'autres dérives avec des look totalement improbables. On pense notamment à Russell Westbrook, fan de mode mais avec des vêtements et des couleurs bien souvent discutables ! Et ça Monsieur Stern, vous ne faites rien ? Il y a des jeunes qui le regardent !!

 

En dehors des parquets, il va créer le programme Basketball without border dont l'objectif est de promouvoir le basket et aider les jeunes populations de pays pauvres -notamment en Afrique. L'objectif est aussi de donner une image positive de la NBA. Dans cette même logique, il crée NBA Cares dont le but est d'aider et favoriser l'éducation, la santé. Les équipes, les joueurs ont des missions toute l'année à effectuer sous la bannière de la NBA : construire une école, repeindre une maison, rencontrer des enfants...Bref, tout ce qui peut donner une image lisse et positive de la NBA.

En 2012, son successeur est annoncé, c'est Adam Silver sans surprise. Dans la digne lignée de Stern, mais sans doute un peu plus ouvert que son prédécesseur. Alors la fin de Stern est-elle un soulagement ? Le changement aura du bon ! Quand vous avez à la tête d'une organisation la même personne pendant 30 ans évidemment que son pouvoir s'essouffle ! Il y aura toujours des détracteurs, que ce soit Stern ou un autre. Stern a malgré tout fait de bonnes choses. Il a fait prospérer la NBA. Alors les puristes diront, c'est avant tout le basket ! Oui, mais qu'on le veuille ou non, la NBA est un business et le but c'est l'argent, toujours plus. L'obligation de l'université est aussi une bonne chose. Quand on voit des joueurs comme Bennett qui ne sont malgré tout pas près pour la NBA après un an, on vous laisse imaginer s'il était passé directement du lycée à la NBA.

 

 

La fin de son règne permettra d'entamer un nouveau chemin pour la NBA, le basket et ses fans. Il aura réussi à tenir la baraque malgré toutes les tempêtes. Il restera un personnage distant, incompris, parfois tellement froid. Il a déjà annoncé qu'il allait profiter pour faire du ski et partir en voyage. Mais, il n'abandonne pas la NBA puisqu'il continuera de voyager pour promouvoir la NBA au Moyen-Orient notamment.