Lendemain de gueule de bois pour les Knicks !

Lendemain de gueule de bois pour les Knicks !

New York Knicks - Phil Jackson - Arron Afflalo - Carmelo Anthony - Robin Lopez - Derrick Williams - Derek Fisher
Crédit photo : Garrett Ellwood/NBAE/Getty Images

Le recrutement sobre effectué par les Knicks durant l'intersaison ne doit pas affoler... En bon stratège, le Zen Master place tranquillement ses pions.

Qu'ils obtiennent ou non des bons résultats, les New York Knicks cristalliseront toujours l'attention. Lors de la draft du 25 juin dernier, lors qu'Adam Silver a appelé Kristaps Porzingis, les fans présents dans la salle ont hué leurs dirigeants. Certains enfants ont même pleuré en direct, aux côtés de leurs parents, pâles comme à l'annonce d'un décès inattendu ! Cependant, un peu moins d'un mois plus tard, le rookie a montré des signes très prometteurs au cours de la Summer League, présentant des qualités au tir et une technicité semblables au jeune Dirk Nowitzki, ainsi qu'une agilité défensive encourageante. Durant cette intersaison, la free agency monopolise également l'attention de nombreux fans, ce qui nous amène à nous demander si Knicks ont réussi ou non leur recrutement. 

 

  • Dépenser sagement

 

Premier enseignement, les dirigeants de NYC ne se sont pas fait d'illusions quant à leur capacité de pouvoir recruter les plus gros free agent de l'intersaison. Dans son discours Steve Mills - GM des Knicks - le confirme et assure qu'il a souhaité façonner un effectif cohérent en recrutant plusieurs joueurs plutôt qu'un seul «gros» joueur. Autrement dit, Mills a dépensé sagement l'argent de la franchise en incorporant plusieurs profils intéressants. Robin Lopez, Derrick Williams, Arron Afflalo et Kyle O'Quinn viennent renforcer les rangs new yorkais en plus du rookie Kristaps Porzingis (mon confrère Julien Foinon avait déjà réalisé un portrait du jeune letton, pourquoi s'en priver ?!)

Financièrement parlant cela donne :

- Robin Lopez : 54 millions sur 4 ans

- Derrick Williams : 10 millions de dollars sur 2 ans (player option 2nd année)

- Arron Afflalo : 16 millions sur 2 ans (player option 2nd année)

- Kyle O'Quinn : 16 millions sur 4 ans
 

Les montants des contrats sont en phase avec la logique défendue par le GM des Knicks. Pas de folie ! Une stratégie qui n'est sans doute pas partagée par le microcosme new yorkais à l'image d'un Melo qui s'est montré quelque peu sceptique suite à la draft du jeune intérieur letton. N'en déplaisent aux fans des Knicks ! New York n'a pas fait dans le «fringant» mais réalise tout de même une intersaison que nous qualifierons de sérieuse. Les dirigeants n'ont pas pris de risque en engageant des role player crédibles synonymes d'un roster déjà bien plus convaincant que celui de la saison dernière.

 

  • Protéger la peinture

 

Derek Fisher ne s'en est pas caché et l'un des secteurs qu'il souhaitait renforcer était celui du rebond. Avant-dernier de la ligue dans ce domaine la saison passée - 40,4 rpg - les Knicks se devaient d'y remédier. Une faille que le front office est parvenu à colmater selon le head coach de Big Apple :

«Nous avons largement échangé au sujet de ces deux secteurs bien spécifiques et nous avons focalisé sur la défense et le rebond. Nous pensons que Robin est en mesure de répondre à ces attentes. C'est notamment pour cette raison que nous souhaitions rencontrer DeAndre, sa présence au rebond défensif était une priorité pour nous. Mais nous ne sommes pas déçus car nous possédons un pivot capable de répondre à nos besoins.»

Outre la recrutement d'un vétéran tel que Robin Lopez - 8,7 rebonds en 36 minutes selon basket reference - coach Fisher pourra compter sur la présence athlétique de Kyle O'Quinn - 8,7 rebonds en 36 minutes selon basket reference -  particulièrement efficace en défense la saison passée. A titre d'exemple, ses opposants directs ne convertissaient que 48,6 % de leurs tentatives près du cercle la saison passée. O'Quinn - natif du Queen's - devrait logiquement suppléer à Robin Lopez.



Ainsi, les Knicks ne sont pas parvenus à attirer de gros poissons - LA Train, Greg Monroe, DeAndre Jordan - mais disposent d'un binôme crédible au poste 5. New York possède une rotation à un poste crucial dans cette ligue. A contrario, Dallas se retrouve dans une situation extrêmement délicate suite au départ de Tyson Chandler et à l'épisode « DeAndre ». Un bon point donc pour New York.

 

  • Le staff peut-il relancer Derrick Williams ?

 

L'ancien numéro 2 de la draft 2011 tarde à trouver ses marques dans la grande ligue. Peut-il confirmer en NBA ? Nous le pensons sincèrement et c'est maintenant la responsabilité du coaching staff des Knicks de faire éclore le réel potentiel de cette ancienne star universitaire.

Jackson et Fisher souhaitent instaurer une culture de la gagne à New York et le fait de vouloir développer des joueurs n'est pas incompatible avec cette logique... Encore faut-il gagner me diriez-vous ! Ceci étant, les dirigeants ne prennent aucun risque à tenter de relancer Derrick Williams qui aura - logiquement - tout le loisir de s'exprimer sur les ailes en raison notamment de son profil hybride.

Cependant, nombreux sont les secteurs dans lesquels l'intéressé doit progresser, à commencer par le shoot ! En effet, Williams peine à dépasser les 35 % dans ce domaine alors qu'il atteint tout juste les 31 % longue distance. Un constat fort décevant lorsqu'on sait que Williams cumulait un pourcentage de 57 % derrière l'arc lors de sa seconde année à Arizona. La dure réalité de la NBA l'a frappé de plein fouet et il ne domine plus physiquement au poste de power forward comme c'était le cas en NCAA. Ce qui faisait sa force est devenu en quelque sorte une faiblesse puisqu'il n'est plus en mesure de dominer physiquement au poste 4 - sous dimensionné, incapable d'être consistent au rebond - et qu'il ne parvient pas à être une menace extérieure pour jouer au poste 3 ou tel un stretch 4.

Néanmoins, il ne faut pas se montrer si catégorique avec Williams. Le coaching staff des Knicks n'est pas né de la dernière pluie et devra exploiter des qualités de leur nouvelle recrue. On pense notamment à sa capacité à jouer en transition (68 % de réussite) et à se montrer efficace lorsqu'il « coupe ». Le fait de posséder un joueur capable de finir une action qui à la base n'est pas prévue pour lui est une bonne chose. Autrement dit, le jeu en mouvement sied parfaitement à Williams et devrait permettre à NYC d'exploiter cette aptitude.

Offensivement, il a démontré qu'il était capable d'être plutôt adroit à 3 points dans le corner gauche. Le fait de pouvoir lui permettre de devenir un excellent shooteur « dans le corner » serait un gros plus pour son développement. Ceci pourrait également permettre au Knicks de bien écarter le jeu et d'utiliser Williams sur P&R et P&P. D'ailleurs, selon NBA.com stats, Williams s'est illustré sur P&R en finissant 50 % de ses tentatives et en obtenant dans 33,6 des cas des lancers-francs (soit le second meilleur pourcentage de la ligue). Cette capacité à bien exploiter les situations en P&R reste à méditer pour les Knicks d'autant plus que coach Fisher s'est ouvert au P&R en fin de saison dernière (les Knicks ont terminé dernier concernant la fréquence d'utilisation des P&R l'an passé).

Enfin, dernière chose, Williams est une tare défensivement (et on pèse nos mots...) ainsi le voir évoluer aux côtés de Melo apparaît compliqué et pourrait d'ailleurs s'avérer préjudiciable dans l'équilibre défensif du cinq. Il va falloir aussi prendre ce facteur en considération dans l'utilisation de Derrick Williams. Bref, vous l'aurez compris, Derrick Williams est un réel challenge. Le staff en a conscience et espère bien en tirer le meilleur.

 

  • Le Zen Master reste serein

 

Être fan des Knicks cette année sera une nouvelle fois synonyme de patience et ce même si le roster semble avoir meilleure allure que la saison passée. L'arrivée de Robin Lopez et Arron Afflalo, le nouveau départ de Derrick Williams et la maturation de Kristaps Prozingis représentent plusieurs facteurs susceptibles de permettre aux Knicks de ne pas réitérer une saison aussi catastrophique que la précédente. Phil Jackson souhaite effectivement réinstaurer cette culture de la gagne mais la finalité de cette stratégie est également d'attirer d'autres joueurs lors des free agency à venir !

Les spotlights de mégalopole confèrent un pouvoir d'attraction à la franchise mais si les dirigeants peuvent y associer une équipe compétitive, ils ne vont pas s'en priver... Il ne faut pas se le cacher, c'est assurément la ligne de conduite du front office et Phil Jackson ne s'en cache pas ! Partir de la base et se projeter vers la free agency 2016 et l'instauration d'un nouveau salary cap qui offrira la possibilité aux franchises de proposer d'énormes contrats aux joueurs.

« Tout vient à point à qui sait attendre », "Qui trop se hâte reste en chemin.", "Plus on se hâte, moins on avance.".... Les proverbes ne manquent pas et j'imagine que les fans des Knicks commencent à les connaître par cœur ! Mais rassurez-vous, « Rome ne s'est pas faite en un jour » (encore un proverbe...) et il en sera de même pour les Knicks. Ce n'est pas César qui est aux commandes mais si on devait comparer la NBA à un Empire, le Zen Master occuperait une place non négligeable dans le mémoires. Soyez donc patients et rassurés, Phil Jackson sait ce qu'il fait.