En quittant le désert d'Arizona pour le froid canadien, PJ Tucker a certes perdu quelques degrés mais a surtout gagné le droit de participer aux playoffs. Une première pour l'ailier de 31 ans qui après des expériences diverses en Israël, Ukraine, Grèce et Italie, n'a connu que des années de vaches maigres à Phoenix. Cette opportunité, PJ compte bien la saisir à fond. Quelques heures après son arrivée à Toronto, les yeux rougis par le jet lag, il veut absolument être présent pour le match du soir contre les Celtics. Lors de cette victoire, il frise le double double avec 9 points et 10 rebonds. Le ton est donné, Tucker prend d'emblée les rênes de la défense canadienne en n'hésitant pas à donner des instructions sur le parquet et remonter les bretelles de ses coéquipiers dans le vestiaire. Le sophomore Norman Powell apprécie particulièrement son leadership :
Cela nous aide beaucoup. Il limite les erreurs en défense. Il est tout le temps en train de parler parce qu'il sait ce que l'équipe doit faire, soit quand votre adversaire pose un écran, soit quand on doit monter sur le porteur de balle ou bien si on doit switcher en défense. Ses conseils limitent les errances en défense car il y a une vraie communication. Nous avions besoin de cela. Il m'aide à mieux couvrir le parquet et à me placer au bon endroit.
A Phoenix, PJ Tucker évoluait dans un rôle de 3 and D. A Toronto, il a plutôt abandonné le "3" - seulement 34% de réussite derrière l’arc - pour se consacrer au "D". Avec l'arrivée conjuguée de Serge Ibaka dans la raquette, les Raptors se dotent d'une véritable puissance défensive et abandonnent leur image un peu trop soft. La baisse de régime de l'autre ailier stoppeur, DeMarre Carroll est largement compensée par le rendement de Tucker. En 17 matchs sous ses nouvelles couleurs, il affiche déjà le meilleur Defensive Rating de l'équipe avec 101.0 points encaissés sur 100 possessions, là où Ibaka émerge à 104.7 et Carroll à 108.1. Son bilan aux Raptors : 5 défaites pour 12 victoires dont 9 ont été obtenues en limitant l’adversaire à moins de 100 points. Un impact quasi immédiat, donc, de bon augure avant les playoffs où les Canadiens devront stopper des ailiers type Paul George, Giannis Antetokounmpo ou LeBron James. En vétéran expérimenté, PJ Tucker n’hésite pas à faire sa propre analyse du jeu des Raptors :
Nous devons montrer plus de tenacité, monter plus haut en défense pour gêner la circulation du ballon. Si on se repose et qu’on laisse l’adversaire installer ses systèmes offensifs, nous n’allons faire aucun stop et on perdra le momentum.
Il s’est même permis de donner des conseils à la star de la franchise, DeMar DeRozan, en l’incitant à faire plus d’efforts en défense.
C’est vraiment ce dont il a besoin. Si nous voulons franchir un autre palier, il doit hausser son volume défensif. Il est en train de le faire, il suit son vis-à-vis en passant devant les écrans, il va au rebond. Il doit faire ce genre de choses en défense tout en continuant à produire ce qu’il sait faire en attaque. Je pense que s’il parvient à faire ces deux choses, il va nous propulser très loin.