La révolution chez les Frelons

La révolution chez les Frelons

Charlotte Hornets - Kemba Walker - Steve Clifford - Nicolas Batum - Marvin Williams - Al Jefferson - Cody Zeller - Jeremy Lin - Courtney Lee
Crédit photo : Getty Images

Un véritable collectif est né à Charlotte suite à l'échec cuisant du recrutement de Lance Stephenson la saison passée. Coach Clifford a eu le nez fin !

A l'instar de ce pauvre Gregor Samsa, les Hornets se sont réveillés un beau matin du 18 janvier 2016 en un monstrueux essaim de frelons prêt à causer d'importants dégâts au sein de la conférence Est. Depuis, les coéquipiers de Kemba Walker sont parvenus à se hisser à la 6ème place de la conférence Est remportant ainsi seize de leurs vingt derniers matchs ! Retour sur le travail ingénieux opéré par Steve Clifford et son staff cette saison.

 

  • Un système taillé pour Kemba

 

Sans surprise hein ?! Désolé mais nous ne pouvions débuter cet article sans faire référence à la saison dantesque effectuée par le meneur des Hornets. L'ancien d'Uconn réalise la meilleure saison de sa jeune carrière et dans son sillage, le navire Hornets a le vent en poupe. Preuve en est, il fait partie du cercle très fermé des joueurs à compiler plus de 21 points, 5 passes, 4 rebonds et 1 interception en saison régulière. En bref, il joue à son meilleur niveau et depuis le All-Star break, l'intéressé cumule pas moins de 22,8 points, 5,9 passes et 4,8 rebonds. Il totalise également ses meilleurs pourcentages d'adresse dans toutes les catégories de shoots. D'ailleurs le progrès le plus significatif se situe au niveau de son adresse à 3 points passant de 30,4 % la saison dernière à 37,3 % cette saison. Une progression remarquée - et remarquable ! - qui coïncide avec la montée en puissance des Hornets.



Toutefois, il est à signaler que les changements opérés durant l'intersaison ont pleinement bénéficié à Kemba Walker. La présence de joueurs comme Nicolas Batum et Jeremy Lin a permis à Walker de se muter en catch and shooter longue distance en témoignent les 44 % d'adresse du meneur des Frelons dans cet exercice. La présence de big-men capable de s'écarter lui facilite la tâche et lui permet de prendre régulièrement l'avantage sur des situations de pick-and-roll. Sa capacité à perforer le premier rideau imposé par la situation de pick-and-roll lui procure de l'espace en plein milieu de la raquette... Pour le reste, vous connaissez tout autant que moi sa rapidité et sa dextérité balle en main ! On constate d'ailleurs les bénéfices de ce revirement tactique des Hornets au niveau du pourcentage d'adresse de Walker dans la peinture cette saison qui est passé de 49 % à 57 %. Au travers des highlights suivants vous constaterez à quel point Kemba se sent à l'aise dans un système stretch-prone.



 

Comme vous avez pu le constater, cette configuration avantage Walker que l'on sait très à l'aise en situation de 1-on-1 et qui lui permet aussi de trouver des passes faciles on the weak-side. Le site - littéralement génial - nba.com/stats nous permet de donner encore un peu plus de relief à nos propos puisqu'on constate que les fameux big-men profitent pleinement de la distribution de Kemba Walker. A titre d'exemple, le meneur des Hornets est le joueur qui a distribué le plus de passes décisives à Marvin Williams (80) ou Frank Kaminsky (28). Notons pour finir, que la connexion entre Nicolas Batum et Kemba Walker fonctionne à merveille puisque le Français est le joueur à réaliser le plus de passes décisives à destination de Walker avec 59. Même constat pour Walker qui jusqu’ici a déjà offert 71 dimes à l'ailier tricolore.

 

  • La métamorphose

 

Le pari était risqué pour cette équipe des Hornets mais force est de constater que Clifford et son staff ont réussi à renouveler l'identité de la franchise. La transformation est franchement impressionnante d'autant plus que Charlotte a été privée durant 25 matchs de l'un des joueurs sur lequel Clifford comptait s'appuyer en début de saison pour mettre à bien son nouveau système. Nous faisons bien évidemment référence à Al Jefferson qui était supposé jouer le rôle de point d'ancrage au cœur de cette stratégie four-out inspirée du Magic d'Orlando Stan Van Gundy où Clifford était assistant coach :

 

« Je suis totalement d'accord avec la philosophie de Stan, si vous commencez à vous dire 'oh je ne prends pas ce shoot', il y une sorte d'hésitation qui s'installe et c'est quelque chose que je ne souhaite pas voir apparaître chez mes joueurs. Je veux les voir shooter librement, spontanément. »

 

Un message que les joueurs de coach Clifford ont parfaitement intégré puisque Charlotte a pulvérisé un record de franchise datant de l'époque où Glen Rice, Tony Delk et Ricky Pierce étaient parvenus à valider 15 paniers à 3 points lors d'un match face à Boston. Cette saison, les Hornets ont inscrit au moins 15 paniers à 3 points sur une rencontre à six reprises ! L'un des grands bénéficiaires de ce revirement tactique n'est autre que Marvin Williams.




 

La saison passée, Williams a pris 265 shots à 3 points (36 %). Cette saison, l'ancien des Hawks se montre plus adroit - 40% - et a déjà pris 327 shots longue distance, une conséquence de la direction tactique entreprise par le staff durant l'intersaison :

 

« Le plus grand changement pour moi est de prendre plus de shoots. L'année dernière, j'étais hésitant et je me demandais quand est-ce qu'il fallait je shoote ou pas. Durant l'été, j'ai regardé beaucoup de films et énormément travaillé. Suite à ça, j'ai clairement amélioré mon shoot. »

 

  • Le rôle clé de Cody Zeller

 

Mais ce n'est pas par l'intermédiaire d'un système offensif "stéréotypé" - autrement dit un Stan Van Gundy 2.0 - que Clifford a hissé son équipe au 3ème rang des équipes à tenter le plus de shoots à 3 points.  Au contraire, les Hornets ont misé sur un jeu fluide axé sur un système de pick-and-roll flottant au sein duquel Cody Zeller joue un rôle prépondérant. Précieux, il est le joueur en charge de poser les bons écrans à Kemba Walker ou Nic Batum pour ensuite se projeter vers le cercle sans ballon, créer soit une solution pour le porteur de balle ou tout simplement créer une fausse piste pour la défense adverse et ainsi offrir de l'espace pour le porteur de balle.



D'ailleurs, si vous avez pris la peine de regarder les HL de Marvin Williams incrustés dans la partie précédente, vous avez sans doute constaté le travail réalisé par Zeller et notamment à 0:14 et 0:47. C'est exactement le type de mouvement auquel nous faisions référence un peu plus haut (cf.« fausse piste »). En bref, c'est l'illustration même de l'utilité du jeu sans ballon dans un sport collectif en témoignent les propos de Marvin Williams au sujet du travail de l'ombre réalisé par Zeller :

 

« On ne pensait pas que Big al allait manquer autant de matchs. La façon dont Cody s'est adapté à ce rôle est impressionnante. J'ai vraiment le sentiment qu'il est le joueur qui explique la réussite de ce système. C'est un excellent joueur de pick-and-roll, il pose des écrans, prend constamment les espaces libres. C'est concrètement le gars qui fait en sorte que le four-out fonctionne. »

 

Un sentiment que partage bien évidemment Clifford qui à travers ses propos insiste encore une fois sur l'importance des déplacements et du spacing :

 

« Ce n'est pas que le fait de jouer au post ne soit pas une bonne chose. Mais regardez, Golden State ne poste qu'un peu. C'est juste le spacing qui est à la base de tout. Plus vous créerez de l'espace, plus vous obtiendrez des bons shots. » 

 

  • What Else ?

 

 

Ces statistiques dataient d'hier dans l'après-midi. Cette nuit, Charlotte a surpris les Spurs... Soit l'équipe qui disposait jusqu'ici du meilleur pourcentage de victoires. Depuis, Golden State a repris le flambeau  avec un bilan de 15-3 tandis que les Hornets ont fait grimper leur wining percentage à 76,5 % soit le même pourcentage que Toronto, meilleure équipe de la conférence l'Est depuis le All-Star break ! Les coéquipiers de Nicolas Batum vont-ils continuer leur ascension au sein de cette conférence Est et ainsi obtenir l'avantage du terrain ? Une chose est certaine, il nous tarde de voir cette équipe évoluer en playoffs et jouer les trouble-fêtes ! 

 

Allez un p'tit cadeaux pour celles et ceux qui n'auraient pas pu profiter de la remontée des Hornets la nuit dernière !