L'United Center de Chicago, la case de l'oncle Michael

L'United Center de Chicago, la case de l'oncle Michael

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ISB vous propose un feuilleton, tout l'été, sur les salles de la NBA. Aujourd'hui, notre rédaction s'arrête à Chicago, à l'United Center.

Sur son siège, comme depuis 10 ans à chaque match des siens au United Center, Tom Harper attend. La sueur ruissèle quelque peu sur son front. Sa gorge se noue. Alors, il prend une goulée de Bud. Mais ce n'est pas la chaleur. Non. Il s'impatiente que se lance la présentation des équipes. Son moment préféré après les buzzer-beater. Mais ces derniers, il ne les contrôle pas. Alors que l'introduction de ses chouchous, Tom sait comme tout le public caviar de la salle qu'elle arrive. Chicago possède en effet la salle la plus connaisseuse de toute la Ligue. Et c'est alors que des bruits arrivent en même temps que s'illumine le panneau d'affichage .... Un troupeau de taureaux ... La sueur n'en finit plus de couler. Il le sait, les siens sont enfin là. À quelques mètres. Et tout à coup, alors qu'il respire enfin après une longue apnée, résonne ses quelques phrases :

" And now a standing ovation for the starting line-up of the World Champion. Your Chicago Bulls."

Sa Bud tombe à terre. Il est dans un état second.

 

  • At forward from Central Arkansas : Scottie Pippen, le Gentleman

 

La présentation terminée, notre homme reprend ses esprits. Né à quelques encablures de là, dans le quartier de Lincoln Park (photo), il connaît tout de sa ville. Chicago, 3ème municipalité du pays avec ses 3 millions habitants, est un résumé de l'histoire des États-Unis. Une terre de speculateurs d'abord. À la Chicago Mercantile Exchange que l'on fixe le prix du blé et du soja pour quasiment toute la planète, c'est une sorte de bourse agricole.
Une ville métissée ensuite puisqu' on y trouve toutes les religions et toutes les origines. 
Une cité du crime enfin avec son épisode prohibition mais la mainmise d 'Al Capone a disparu. Cependant, Chicago est définitivement une belle ville où il fait bon vivre. Tom se souvient parfaitement, d'avoir participé aux festivités de 2009. Chicago, cette année-là, a été désignée " ville de l'année " pour ses innovations par GQ. Gentlemen's Quarterly, ce magazine masculin consacré à la mode, au style et à la culture à travers des articles sur la nourriture, le cinéma, le sexe, la musique, les sports ou les livres. C'est en plein coeur du quartier du Loop qu'il avait tant bu, dans le Centre, le second quartier d'affaires du pays après Manhattan à New York.

  • The man in the middle : Luc Longley, le plus proche des bannières

 

Le match commencé, notre supporteur lève la tête à la recherche de stats. Les Bulls sont devants. Tout en haut, au plafond, siègent les bannières. Il y voit les 4 maillots retirés. Celui de Scottie Pippen, de Michael Jordan à qui il a tapé dans la main un soir de 1992 au bord du terrain, puis le maillot de Bob Love l'ailier de la première heure et enfin celui de Jerry Sloan. Il aperçoit aussi, les 6 bannières de champion du monde (91, 92, 93, 96, 97 et 98). Rien de l'équipe ne lui est inconnu. La franchise existe depuis 1966 et après un départ laborieux, les Bulls collectionnent les distinctions. 32 apparitions en playoffs, 9 titres de Division, 11 apparitions en finale de conférence. Silencieusement, il enrage parfois que Phil Jackson n'ait reçu avec les rouges et blancs qu' un titre de coach of the Year, en 1996, la fameuse saison aux 72 victoires. Mais pas le temps de s'éterniser sur les souvenirs. Le jeu s'emballe.

  • At Forward, dans une ville de stars : Dennis Rodman

 

À la pause, quelques sièges devant lui, Tom voit des caméras s'agglutiner. Yannick Noah, le héros français, vient supporter son fils devenu la star de l'équipe. Mais des stars, la ville en regorge. Walt Disney y est né tout comme Harrison Ford, Michèle Obama, Robin Williams ou encore Derrick Rose pour ne citer qu'eux. De nombreux éminents chefs religieux ont aussi visité la ville, dont le dalaï-lama et Mère Teresa. Le pape Jean-Paul II, lui, a visité Chicago en 1979 dans le cadre de son premier voyage aux États-Unis après avoir été élu à la papauté. C'est le seul que notre homme n' a pas vu, même de loin, par choix. Comme il ne verra pas la fête de la Saint Patrick où la rivière Chicago prend une couleur verte qui lui fait trop penser à Boston qu'il déteste par dessus-tout.

  • 6'6 at guard from Miami Ohio : Ron Harper et les artistes

 

Les fans tapent dans leurs mains. Les Luva Bulls dansent aux côtés de Benny. Comme toujours la salle est pleine. 22.000 spectateurs de moyenne ce qui en fait la salle la plus remplie de la NBA depuis 2008. Cette année-là, l'ennemi Pistons aguichait davantage. Et celle qui se targue d'être la plus grande arène sportive du pays fait sold out depuis des lustres. Reconstruit en 1994 quasiment à l'identique du Chicago Stadium sorti de terre en 1967, cet antre bouillonne. Bien sur, les Bulls occupent le haut du panier mais Tom Harper sait qu'il y reviendra le 11 juillet pour voir les belles gambettes de Lady Gaga pour un concert. Plus tôt, il aura assisté au show Queen, mais il n'a pas pu avoir de sésame pour Katy Perry. Il faut dire que les 200 événements dans l'année font du United Center une femme pressée. Mais même les Blackhawks en NHL remplissent cette salle magique avec plus de 20.000 spectateurs de moyenne depuis 2008 aussi.

  • And now your Michael Jordan

Fin du match, pas de buzzer beater mais une victoire des Bulls. Alors comme à chaque fois, dans le métro, tel un rituel post victorieux, il allume son mobile et se repasse en boucle la vidéo qu' il préfère. Apaisé, il peut alors rentrer dans son quartier. Au prochain match, peut-être sa bière ne se renversera pas...