Jonas Valanciunas le chaînon manquant

Jonas Valanciunas le chaînon manquant

Toronto Raptors - Jonas Valanciunas - DeMar DeRozan - Kyle Lowry - Dwane Casey - Bismack Biyombo - playoffs - offense
Crédit photo : John E. Sokolowski / USA TODAY Sports

Malgré sa récente blessure, Jonas Valanciunas demeure sous-utilisé au sein du système Casey. Une situation qui doit évoluer !

Toronto est actuellement second de la conférence Est mais laissons pour un moment le backourt All-Star des Raptors et focalisons notre attention sur l'asperge lituanienne de la franchise canadienne. Une question demeure préoccupante et elle concerne l'utilisation de Jonas Valanciunas qui ne semble pas optimale. Quelles en sont les raisons ?

 

  • 40 de fièvre

 

L'adaptation de Jonas Valanciunas au rythme imposé par la grande ligue n'a pas été immédiate. Ceci est notamment dû à la confiance « relative » de son coach. En effet, la saison dernière, Dwane Casey évitait dès qu'il le pouvait le sujet de l'utilisation de son pivot lituanien face aux médias. Plus à l'aise cette saison, coach Casey évoque le sujet "tabou" et constate les progrès de JV :

 

JV évolue, il devient meilleur. Il est plus à l'aise maintenant lorsqu'il récupère la balle dans la peinture. Il n'est plus déstabilisé par les feintes d'interception, par les feintes de prise à deux. L'année passée, il n'était pas en mesure de déchiffrer s'ils allaient faire une prise à deux ou pas. Cette année, il analyse beaucoup mieux ce type de situation et cette meilleure lecture du jeu s'avère bénéfique pour son jeu au poste. Auparavant, DeRozan était probablement notre meilleur joueur en post-up mais dorénavant Jonas représente le bon match-up en post-up et c'est un réel plus pour nous.

 

Une meilleure compréhension du jeu qui coïncide dès lors avec une meilleure utilisation du joueur offensivement. Les notions de rythme, de lecture du jeu sont indispensables à ce niveau de compétition et ce n'est pas manquer de respect à Valanciunas que de mettre en lumière ses difficultés à sentir le jeu. Le Lituanien réfléchit moins et appréhende plus spontanément la manière dont la défense adverse compte défendre sur lui. En d'autres termes, JV n'a plus 40 de fièvre balle en main sans pour autant négliger le chemin qu'il lui reste à parcourir comme il l'explique à Pro Bball Report :

 

Je me suis habitué à la vitesse du jeu en NBA et aux décisions qui doivent être prises dans un tel contexte. Je me dois d'être plus réactif et de prendre les décisions plus rapidement. Le point sur lequel je souhaite réellement progresser c'est ma capacité à faire la bonne passe, ça fait partie du jeu. C'est le niveau supérieur lorsque vous voyez arriver la prise à deux et que vous parvenez à trouver le joueur libre. Le joueur libre qui coupe ou qui s'écarte pour prendre un shoot ouvert. C'est un secteur du jeu où j'essaie de devenir meilleur et où je me dois de le devenir. Si tu lis mieux le jeu, tu vois mieux le jeu.

 

CQFD et ce n'est pas le GRAND Arvydas qui viendrait le contredire ni même mon coach de futsal (la fameuse expression « 40 de fièvre » lui est d'ailleurs dédiée !). C'est un secteur dans lequel il doit progresser néanmoins, et c'est le sujet que nous traiterons dans une nouvelle partie, est-ce réellement à Toronto qu'il pourra s'en assurer ?

 

  • Gives him the f..... ball !

 

De toute évidence, le duo composé de Kyle Lowry et DeMar DeRozan réalise des prouesses depuis le début de la saison régulière. Toronto est actuellement dauphin de la conférence Est et s'est clairement appuyée sur les performances de son backourt. DeRozan et Lowry sont au centre du système ordonné par Dwane Casey en témoigne leur usage rate respectif - le pourcentage de systèmes mis en place pour un joueur lorsqu'il est sur le terrain - qui s'élève à 28,9 % pour DeRozan et 26,3 % pour Lowry soit plus de 55 % à eux deux ! JV ne bénéficie que de 20 % des plays lorsqu'il se trouve sur le parquet. Une situation que Dawne Casey commente :

 

C'est la manière dont ils marquent des points. Kyle et DeMar, peu importe où ils sont ou avec qui ils sont, ce sont des joueurs qui monopolisent beaucoup la balle. C'est pourquoi nos chiffres à la passe sont en baisse. Vu la façon dont ils inscrivent des points, je pense que nous ne serons jamais une équipe avec de grosses stats à la passe. Ils sont nos go-to guys et sont capables de très bien créer leurs propres opportunités en attaque. Nous sommes efficaces offensivement, dans le top 5 ou non, peu importe, c'est une manière différente d'attaquer mais nous n'avons jamais imposé à qui que ce soit de ne pas participer offensivement.
 

Une perche tendue par coach Casey qui nous amène à nous questionner : la présence du duo Lowry-DeRozan ne viendrait-elle pas freiner l'émergence de JV au sein de la grande ligue ? Nous avons évoqué la distribution offensive déséquilibrée de Toronto sans pour autant mettre en exergue l'efficacité offensive du pivot lituanien : 14,2 points à 64,6 % aux shoots et 8,3 rebonds en seulement 24,5 minutes et moins de 9 tentatives en moyenne par match sur le mois de février 2016. Dans le système actuel des Raptors, JV est sous-utilisé malgré un arsenal offensif des plus intéressants et notamment un hook shot extrêmement fiable. En effet, l'intéressé a validé cette saison 45 de ses 73 tentatives dans cet exercice. On retrouve une adresse similaire sur les turnaround hook shot avec 61,9 % (13/21).



 

Outre sa capacité à bien finir dos au panier, JV dispose d'une excellente marge de progression à mi-distance. Le pivot des Raptors a tenté 413 shoots depuis le début de la saison et sur ces 413 shoots, 59 ont été tentés entre 3 mètres et en deçà de la ligne à 3 points. Sur ces 59 tentatives, il en a converti 30 soit près de 51 % d'adresse. Sous-utilisé encore une fois alors que l'intérieur balte se montre adroit à cette distance. Jeu dos au panier, adresse mi-distance et jeu en mouvement puisque Valanciunas est largement au-dessus des 50 % lorsqu'il s'agit de finir sur un cut (dunk ou layup) ou en drive sur un hook shot ou un layup.

 

Pour finir, selon basket-reference.com, Valanciunas compilerait 17,7 points et 12,5 rebonds cette saison sur 36 minutes tandis que sur 100 possessions, son offensive rating serait de 123. Bref, vous l'aurez compris, Toronto a largement de quoi maximiser l'utilisation de Jonas Valanciunas.

 

  • Playoffs rules

 

On va être un peu méchant, pour une fois, et procéder à une vilaine association de mots : Toronto + playoffs = 1er tour, défaite, Paul Pierce, sweep, the north is leaving, la tête à Toto... C'est d'ailleurs en postseason qu'une utilisation accrue de Valanciunas en attaque pourrait s'avérer bénéfique ! D'autant plus que la recette "Lowry-DeRozan à outrance" n'avait rien donné de bon lors du sweep - inacceptable - subit face aux Wizards la saison passée. Dans cette série, Lowry compila une moyenne de 14 shots tentés à 31,3 % de réussite contre 20 shots en moyenne pour DeRozan et un peu plus de 39 % d'adresse. Autant dire, rien de bien fringant pour la franchise de Drake !

 

En playoffs, vous connaissez l'histoire... Les défenses se resserrent, les coachs saignent le playbook adverse... Aussi perfectible soit-il en défense (merci Bismack !), ceci n'explique en rien le trop peu de fois où Valanciunas est sollicité en attaque (9;5 tentatives aux shoots en moyenne lors du sweep). Preuve en est, cette saison, Toronto a remporté 15 matchs sur 18 lorsque Valanciunas a au moins tenté dix shots.

 

N'est pas Dwane Casey qui veut, cependant le coach des Raptors devrait sérieusement penser à ajuster le temps de jeu de son big man - lorsqu'il reviendra de blessure - en présage des playoffs. Ainsi, plutôt que de porter seul la responsabilité de nos propos, nous conclurons avec Louis Scola et la parole de la sagesse :

 

Nous avons besoin de son plein potentiel pour l'emporter. Nous ne pouvons pas gagner sans lui et je n'arrête pas de le lui répéter. Parfois, il n'est pas satisfait de la manière dont il joue ou de situations de match qui viennent le questionner. Mais je m'attache à lui faire comprendre qu'il n'y a aucune chance que nous puissions gagner sans lui.

 

Je ne sais pas pour vous, mais j'ose croire qu'il y a un message subliminal derrière ces paroles d'encouragement du grand champion qu'est Louis Scola... En espérant pour les Raptors que JV revienne rapidement de blessure...