Interview de Jacques Monclar : ''Miami n'a rien vu venir !''

Interview de Jacques Monclar : ''Miami n'a rien vu venir !''

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Crédit photo : Be In Sports

Après le volet européen, Jacques Monclar revient pour nous sur les événements de l'été en NBA : Coming Home, Draft, Paul George, Free Agency

Inside Basket : L'un des événements de cet été en NBA a été le Coming Home de LeBron James à Cleveland. Quel est votre sentiment sur ce retour ?

 

Jacques Monclar : "Je trouve que jusqu'en finale, il était en train de devenir l'icône de Miami. Il y a eu Dan Marino, Dwyane Wade, Pat Riley et lui n'était pas loin. Il paraît qu'il a une maison fantastique là-bas et c'est vrai qu'il n'était pas obligatoirement heureux à Miami.

 

Il est très attaché à Akron et puis il y a un projet basket qui existe aussi à Cleveland. Je n'ai pas envie de juger s'il est bien dans sa vie, dans sa tête.

 

C'est dommage pour le Heat qui avait un concept pour manier les choses, une bonne structure et cela malgré le fait qu'il se soit fait éclater la tête face aux Spurs en finale. J'ai aussi le sentiment lors des finales qu'il pesait moins. Alors oui on peut dire qu'il a fait ses stats, mais je trouvais qu'il manquait de charisme. Il avait moins d'impact sur ses partenaires, dans la communication et la capacité à emmener son groupe pour les rendre meilleurs.

 

Le basket ne se réduit pas à "je prends la balle et je mets des paniers". Je pense qu'il s'est passé un truc, il y a eu une sorte de fissure. Ils ont explosé. A la mi-temps du match 1 je me suis dit : "Les Spurs  vont ramer". Le Heat jouait dur, les rotations sur les terrains étaient impeccables, Miami était en place. Ils prennent 15 points et certains vont parler de la climatisation. Mais la clim' cela concerne tout le monde. C'est vrai qu'il faisait chaud d'ailleurs (rires).

 

Après au match 2, il le gagne, mais au final Miami aurait pu le perdre. Ce sont les Spurs qui perdent sur la fin. Mais après, à Miami, mais c'est une volée. Ils reviennent à Miami, ils sont un peu trop sûrs d'eux. Lors de la première mi-temps, ils se prennent une volée, mais ils considèrent cela comme un épiphénomène. Ils reprennent une volée dans le même registre, avec les mêmes excès. Kawhi Leonard, il défend sur qui ? Même si James peut jouer à tous les postes, tu te dis que ton point fort est muselé.

 

Après au match 5, on se disait que c'est trop tard, ils ne l'ont pas vu venir et moi-même je ne l'ai pas vu. Ils se sont ramassés là, ils se sont fait dégonfler."

 

ISB : Chris Bosh semblait souffrir d'être dans l'ombre de James ?

 

J.M : "Tu n'es pas dans l'ombre si tu partages le ballon. Tu es dans l'ombre quand la balle ne bouge pas. C'est un concept. Là, ils ont perdu pied. Dwyane Wade a été trop blessé cette année et LeBron James en fait parfois trop, que ce soit mentalement et physiquement.

 

Maintenant, LeBron James est avec des jeunes, de très bons joueurs. Les Cavaliers ont David Blatt est c'est génial. Ils ont largement les moyens de remporter le titre à l'Est, puisque pour l'instant à part Cleveland il n'y a pas trop d'équipe qui se dégagent dans cette conférence."

 

ISB : Ce n'est pas un secret, vous adorez les Knicks. Carmelo Anthony est resté. Que peuvent-ils faire cette saison, sachant que l'année dernière rien n'avait changé à part l'arrivée incompréhensible d'Andrea Bargnani ?

 

J.M : "Déjà qu'ils soient dignes et qu'ils soient dans les cinq premiers à l'est bien ce sera déjà bien. C'est vrai qu'on a oublié Bargnani. C'est malheureusement le recrutement, c'est comme ça. Maintenant, une méthode de jeu peut aider, Tim Hardaway Jr va progresser, le départ de Chandler va forcément redistribuer les cartes dans le jeu. Les playoffs, c'est envisageable, mais une demi-finale de Conférence, comme en 2013, ce sera compliqué."

 

ISB : Houston a été le grand perdant de ce mercato estival. Que pensez-vous de la situation des Rockets ?

 

J.M : "Les Rockets ont fait monter les enchères cet été. Jeremy Lin c'était un poste important en sortie de banc et Asik avait un poste occupé par les qualités de Dwight Howard. Certes, il leur faudra un peu plus de temps pour s'affirmer chez les prétendants.

 

Il y a aussi le fait que James Harden avait quelque peu refroidi un peu tout le monde en disant que les Rockets n'avaient pas forcément besoin d'une recrue majeure et que l'équipe était déjà en place."

 

ISB : Indiana a perdu Paul George cet été et pour la saison prochaine. Les playoffs ne sont plus envisageables ?

 

J.M : "Non je ne pense pas. Il n'y a plus Lance Stephenson et la blessure de George cet été va laisser des regrets au front office d'Indiana qui l'a laissé partir. Ce sera plus compliqué c'est certain, il y aura une nouvelle orientation de jeu, mais nous sommes à l'Est et ils peuvent accrocher quelque chose.

 

En Conférence Ouest, ce genre de truc t'es mort. On verra si les mouvements de l'été ont apporté un plus à l'Est. Les Chicago Bulls sont plutôt biens, le Miami Heat est encore pas mal, Cleveland je n'en parle même pas. Detroit ne va peut-être pas forcément jouer les playoffs, mais au moins ils ont la possibilité de faire bien mieux que la saison passée. Donc oui, Indiana peut s'en sortir."

 

ISB : Que pensez-vous de cette draft 2014 annoncée comme aussi exceptionnelle que celle de 2003 ?

 

J.M : "On peut rêver (rires). Franchement cela n'a rien à voir. Dans cette draft de 2003, où il y avait Boris Diaw, quand tu regardes le deuxième tour, c'est monstrueux. Je n'ai pas été choqué de cette comparaison parce qu'il y a de très bons joueurs dans cette draft 2014, mais il faut rester serein. Mais ce n'est pas la même profondeur que celle de 2003, cela n'a rien à voir.

 

LeBron James, Carmelo Anthony, Chris Bosh, Dwyane Wade. Certes il y a eu Darko Milicic en 2e position, mais regardes plus loin tu verras. Il y avait Boris, Florent Piétrus, Kirk Hinrich etc. La profondeur de cette draft est monstrueuse.

 

Je comprends que l'on veuille faire de cette draft un événement exceptionnel. Il y a eu cette fantastique draft en 1984 avec Michael Jordan, puis il y a eu celle de 2003. Je pense qu'il faut attendre un petit peu."

 

(Pour compléter les propos de Jacques Monclar sur ce deuxième tour de la draft 2003, nous pouvons également citer les noms de Steve Blake (38e)  Zaza Pachulia (42e), Keith Bogans (43e), Matt Bonner (45e), Mo Williams (47e), James Jones (49e), Kyle Korver (51e).)

 

ISB : Enfin comment vous sentez-vous sur Be In Sports et sur RMC et avez-vous conscience d'être une des figures emblématiques des commentateurs de basket ?

 

J.M : "Très bien. Je me sens parfaitement bien chez Be In, avec des amis comme Mary Patrux que j'adore, comme avec  l'ensemble de la rédaction. Je m'entends bien avec tout le monde. Nous avons les droits de la NBA et de l'Euroligue et nous avons notre passion qui est le basket. Nous essayons de faire aimer le plus possible.

 

Quant à RMC, on va continuer, le TP Show reprendra, je serai toujours avec les Grandes Gueules du Sport et je vais faire un peu plus de Moscato Show (En effet, Jacques Monclar participe depuis la rentrée à la nouvelle formule plus longue et plus enrichie du Moscato  Show, le Super Moscato Show).

 

J'adore ce que je fais et je sais aussi la chance que j'ai de pouvoir le faire. Après moi, je suis content que les gens soient contents. C'est agréable quand les gens t'arrêtent et te disent qu'ils ont passé  une bonne année et qu'ils ont bien rigolé à regarder les matchs, ou les émissions. On prend un vrai plaisir à faire ses émissions.

 

J'ai surtout conscience que j'ai été joueur, que cela a été une passion. J'ai arrêté assez tôt, puis j'ai été coach assez tôt, j'ai arrêté à 50 ans. Actuellement j'en ai 57 et j'essaye de bien faire les choses tout simplement."

 

A titre personnel, je tiens à remercier encore maître Monclar, dont je suis un fan de chez fan depuis plus de 18 ans, pour nous avoir consacré de son temps très précieux et de nous avoir apporté son analyse sur une passion qui nous est commune, le basket. Nous espérons avoir de nouveau la chance de nous entretenir avec cette légende du basket. Merci infiniment.