De Ginobili à Belinelli

De Ginobili à Belinelli

L'Italien débarqué à San Antonio cette saison s'impose comme l'héritier de l'incomparable gaucher argentin.

Juin dernier n'a pas du être facile pour ces deux-là. Manu Ginobili sortait de Finales éprouvantes physiquement et moralement, où il n'a jamais trouvé son rythme. Perdre si prêt du but, à 36 ans, en montrant des gros signes de faiblesse... Autant dire que la campagne 2013-14 a du être mûrement réfléchie.

De son côté, Marco Belinelli venait de finir une saison pleine de faux espoirs et de désillusions chez les Bulls. De jolies perfomances, quelques clutch shots, mais finalement une sortie en cinq matchs en demi-finales, et un retour parmi les agents libres. Il aura connu quatre équipes en cinq ans dans la ligue.

En recherche de stabilité, le shooter italien se fait alors recruter par San Antonio. La signature de Marco chez les Spurs s'avère presque être une évidence tant son profil correspond au modèle Popovich : un joueur européen aguerri, gros shooter longue distance. Exactement de quoi compenser le départ de Gary Neal et le déclin de... Ginobili.

Mais les deux hommes ne sont pas en compétition, on s'attend plutôt à une passation de pouvoir (de sixième homme) entre deux personnes qui se connaissent depuis longtemps. Une époque bien avant la NBA, quand Ginobili s'imposait en Europe sous les couleurs du Virtus Bologne, où se trouvait déjà un ado nommé BelinelliUne relation mentor-élève s'est créée il y a plus de douze ans et elle continue aujourd'hui.

C'est un des meilleurs joueurs à mes yeux. Je suis un peu fou à l'idée de jouer avec lui dans une grande équipe. J'aimerai être comme lui, je le vois un peu comme un père.

 

Les deux joueurs n'ont pas grand chose en commun dans leur style de jeu et leur expérience mais si l'on compare le nouveau à l'ancien c'est pour le rôle qu'il a pris au sein de l'effectif texan. En clair, les Spurs ont maintenant deux « sixième homme » qui tournent a plus de 11 points par match en jouant moins de 26 minutes de moyenne. Ginobili pousse le vice jusqu'à être le seul joueur de la ligue à inscrire 12 points par rencontre en seulement 22 minutes !

Au cours d'une saison où les blessures se sont accumulées, l'Italien a déjà eu l'occasion de combler le vide laissé par son aîné pendant près d'un mois. Il en a profité pour inscrire 20 points à quatre occasions. À San Antonio, les joueurs majeurs sont des produits maison, draftés et formés sur place, rares sont les pièces rapportées. Marco semble avoir été perdu ailleurs alors qu'il aurait du commencer ici. Dans l'équipe la plus efficace en NBA à trois points, Belinelli se place déjà dans le top 10 des meilleurs shooters longue distance de la ligue avec 44% de réussite.

 

  • Déjà décisif cette saison ? 

 

Depuis plus de dix ans, les Spurs organisent leur jeu autour de la tour de contrôle Tim Duncan, avec Parker en maître de la circulation, et Ginobili en magicien furtif. Manu arrive de là où on ne l'attend pas avec un style sans comparaison : celui d'un shooter gaucher capable de se faufiler dans n'importe quelle raquette, un passeur génial qui voit tout sur le parquet. On voit souvent cette équipe comme une constante, mais l'Argentin y apporte un peu de folie, le plus qui rend imprévisible la machine de guerre bien carrée de Gregg Popovich.

De même, les plus belles saisons de San Antonio ont été boostés par des performeurs inattendus : Stephen Jackson en 2003, Robert Horry en 2005, Danny Green l'année dernière. Belinelli a les moyens d'être dans leur lignée, un sniper capable de scorer de n'importe où, et qui pourrait exploser pendant les play-offs.

Certes, le front-office de San Antonio a déjà de belles cartes à jouer à l'approche de l'après Duncan, Kahwi Leonard en tête, mais Belinelli a les moyens de devenir un nouveau cadre de l'effectif, un moyen de faire durer quelques années de plus une belle et longue histoire. Les joueurs finissent par partir mais l'identité du club reste. Marco pourrait en être un symbole.