Deron Williams va-t-il ressusciter ?

Deron Williams va-t-il ressusciter ?

Deron Williams - Brooklyn Nets

Depuis son départ fracassant de Salt Lake City, le leader « officiel » des Nets n'a jamais retrouvé un niveau de jeu équivalent à celui de ses grandes années. La faute aux blessures, au coaching inadapté, peut-être au talent individuel. Mais D-Will n'est pas totalement perdu, il a surtout besoin d'encadrement.

Qui est le joueur star des Nets ? La réponse évidente devrait être Deron Williams, l'homme aux 98 millions de dollars sur cinq ans, censé incarner une nouvelle ère, celle de Brooklyn, le renouveau en noir et blanc.

Pourtant, quand on regarde le bilan d'une saison 2013-14, qui s'est achevé sur une demi-finale de Conférence face au Heat, on se rappellera surtout des bon débuts puis de la blessure du pivot Brook Lopez, de l'émergence de Mason Plumlee et Shaun Livingston, de la présence offensive de Joe Johnson et du charisme naturel de Paul Pierce.

Williams, sans être vraiment mauvais, a paru à l'arrière plan, limité par ses pépins physiques et une personnalité plutôt discrète.

 

Comme il l'expliquait il y a un mois, D-Will n'est pas vraiment un fan de New York, il ne s'est jamais habitué à ce nouveau rythme de vie, et reconnaît retourner souvent dans l'Utah avec sa famille. L'homme qui a encore trois ans de contrat à effectuer sur la côte Est est déjà nostalgique de sa franchise précédente. À une époque où il rivalisait avec Chris Paul, magnifié par le système de Jerry Sloan qui lui laissait contrôler le jeu comme pouvait le faire John Stockton.

 

À trop pêcher d'orgueil, le n°8 s'est retrouvé indépendant mais perdu dans le New Jersey. La première année, il mise plus sur le scoring (21 points de moyenne, record en carrière), un jeu plus forcé où son adresse est tombée à 40.7 %, avec moins de passes et trop de ballons perdus. 2012-13 est plus équilibrée grâce à l'arrivée de Joe Johnson et la progression de Brook Lopez, et Deron s'avère très efficace en attaque (9.1 offensive win shares, cinquième de la ligue), bien que ses stats soient toutes en baisse (points, rebonds, passes).

Pour le troisième exercice, ce sont ses problèmes aux deux chevilles qui l'écartent rapidement des parquets. Et avec les renforts arrivés à l'intersaison, l'équipe se réadapte. Williams limite la casse mais sans jamais trouver son rythme (14.3 points, 6.1 passes). Il n'est pas le maître à bord, peut-être parce qu'il n'a jamais su comment l'être.

  • Shooteur, meneur ou les 2 ?

Si on jette un œil aux highlights de Williams la saison dernière, on se rend compte que les actions qu'il construit sont souvent pour lui-même. Sa lecture du jeu reste très respectable mais on sent qu'il lui manque quelque chose.

On aurait tendance à oublier qu'à 26 ans, il avait réalisé quatre saisons à plus de 10 passes de moyenne, une performance qui le plaçait au panthéon des meneurs avec Kevin Johnson, Magic et Isiah Thomas. Personne n'a fait mieux, même pas Stockton.

C'était il y a seulement trois saisons, mais depuis ses stats en passes sont en constante dégringolade, et pas seulement à cause des blessures qui ont diminué son rendement. Lui qui distribuait environ 45% des assistances de son équipe (chez les Jazz et même pour sa première saison chez les Nets), est tombé à 32%.

 

Manque de possibilités, perte de confiance, choix tactique ? Pour sa défense, il faut dire que Deron a connu déjà trois coachs depuis son arrivée : Avery Johnson et sa philosophie agressive avec ou sans le ballon, l'expérimenté et bruyant P.J Carlesimo, et le rookie improvisateur Jason Kidd. On est loin du cocon de Jerry Sloan.

 

Il devrait donc s'acclimater plus facilement au coaching plus carré de Lionel Hollins qu'aux expérimentations de Kidd qui attendait plus de responsabilités tactiques de la part de son point guard.

Cependant, l'ancien marionnettiste des Grizzlies pourrait bien réorienter ses priorités vers la doublette Lopez-Plumlee, à l'image des fondations qu'il avait bâti avec Marc Gasol et Zach Randolph.

À cela s'ajoute l'arrivée de Jarrett Jack dans le backcourt qui va sans doute restreindre le temps de jeu de Williams, ou au moins l'habituer à moins avoir la balle entre les mains.

 

Le nouvel entraîneur a en tout cas exprimé qu'il s'attendait à une grosse saison de la part de son meneur. Williams se dit prêt, reste à voir s'il a les moyens physiques et psychologiques pour montrer ses talents.

  • Ankle-breaker ou broken ankles ?

S'il y a une chose que D-Will maîtrise toujours, c'est bien le crossover, outil indispensable à son jeu en pénétration.

 

Grâce à son jeu de jambes, Williams a la capacité de créer son propre tir, et de tenter sa chance d'à peu près n'importe où, et de toutes les façons. Lay-up renversé, floater, long 2, et un goût certain pour le tir à trois points, domaine dans lequel, sans être excellent (36% de réussite en carrière), il peut parfois être inarrêtable (on se souvient de ses 11 missiles contre Washington il y a un an, dont un 5/5 en moins de cinq minutes de jeu).

 

Mais à force de tirer sur ses chevilles, il a passé la saison dernière à subir des traitements, à coups d'injections de cortisone avant une double opération à l'issue de la saison. Toujours vif mais plus vraiment rapide, il devra sans doute adapter son style de jeu pour éviter un nouveau passage à l'infirmerie.

 

À 30 ans, s'il ne réalise pas une grosse saison 2014-15, il risque de rapidement rentrer dans la case des vétérans usés, avec une très bonne connaissance du jeu et une panoplie de moves maîtrisés mais un corps qui ne suit plus vraiment.

Il pourrait devenir un très bon sixième homme pour un favori, à la fois chef d'orchestre et sniper longue distance. On se dit juste qu'il est beaucoup trop tôt pour y penser, mais il descend progressivement la pente de la gloire. Les montagnes rocheuses ne sont qu'un lointain souvenir.