Andre Miller, un superhéro si discret

Andre Miller, un superhéro si discret

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The circle of life, the wheel of fortune...Andre Miller peut méditer sur ces expressions et choisir celle qui convient le mieux à sa situation : alors qu'il vient d'arriver à Washington, en provenance de Denver, il y retrouve Randy Wittman, qui fut son coach à Cleveland, la franchise qui a drafté Miller en 1999. 

« Moins de cheveux gris » a répondu Miller aux journalistes qui, ces derniers jours, lui demandaient à quoi ressemblait Witt à l'époque.

Quand, en 2014, on évoque un meneur de jeu qui a commencé sa carrière à la fin des années 90 et qui figure dans le top 10 des meilleurs passeurs de l'histoire de la ligue, on pense volontiers à Steve Nash. Le Canadien, double MVP en 2005-2006, est indéniablement une des légendes de la ligue. Pourtant, Andre Miller, l'autre dinosaure (il aura 38 ans le 19 mars), a aussi une carrière qui mérite qu'on s'y attarde. Petite rétrospective, sous le signe des superhéros américains.

  • Captain America

Andre Miller a acquis une réputation nationale avant de rejoindre la NBA. Avec la fac d'Utah, où il est resté quatre ans, il s'est illustré au cours du tournoi NCAA. Sous sa direction, les Runnin' Utes ont atteint la Finale en 1998, perdue contre Kentucky. Miller avait toutefois déjà marqué les esprits, notamment lors de sa performance face à Arizona, quand il signa un triple double magistral (18 points, 14 rebonds, 13 passes), le quatrième seulement dans l'histoire du tournoi. C'est donc assez logiquement qu'il fut élu All American cette année-là (sélection des meilleurs universitaires). Drafté en huitième position par les Cavs, Miller a reçu d'autres distinctions chez les pros, notamment la First Rookie Team en 2000. Jamais All Star, il a tout de même fait partie du Team USA en 2002, sous la houlette de George Karl.

  • Ironman

Au-delà de la thématique de cet article, voilà un surnom qui a souvent été accolé à Andre Miller. En effet, avant la saison 2013/2014, il n’avait manqué que vingt rencontres en quinze années, ce qui incluait une série de 632 matchs consécutifs entre 2003 et 2010. Pratiquement jamais blessé, dur au mal quand il l’est, Miller est donc l’antithèse du joueur fragile et c’est aussi une raison de sa réussite sur le terrain : il n’a pas laissé l’occasion à d’autres joueurs de prendre sa place pendant une absence prolongée. Mais quel est le secret de la durabilité et de la longévité du natif de LA ? Chassons tout de suite de notre esprit l’image d’un gym rat, toujours prêt à soulever des poids pour endurcir son corps. Outre une alimentation équilibrée, Miller est surtout un adepte des étirements et des siestes. On peut ajouter que son style de jeu, plus en gestion qu’en percussion, lui a aussi permis d’éviter de prendre trop de coups. De quoi faire réfléchir Derrick Rose…Plus que ses autres statistiques, Miller est très attaché à cette longévité, ce qui explique en partie pourquoi il eut un échange si houleux avec son coach Brian Shaw à Denver, après que celui-ci l’ait laissé sur le banc toute une rencontre.

  • Batman

Comme le sauveur de Gotham City, Andre Miller n’a aucun superpouvoir, mais il sait tout bien faire. Alors qu’il n’a ni capacités athlétiques hors normes, ni shoot extérieur, il est un scoreur régulier (13,5 points en carrière), qui se montre menaçant par sa capacité à exploiter les intervalles et les uns contre uns qui lui sont favorables (les fameux mismatchs). Il est même capable de flamber, comme lorsqu’il planta 52 points face aux Mavericks en 2010. Mais, comme on  l’a écrit plus haut, Miller est plutôt un gestionnaire, le type même de joueur pour lequel l’appellation floor general semble avoir été inventée. Analyse de la défense, lancement des systèmes et lecture des déplacements sont autant de domaines dans lesquels il excelle. Il fut ainsi le meilleur passeur de la ligue en 2002, avec 10,9 assists par match, et figure en neuvième position dans l’histoire de la NBA avec 8070 passes décisives à l’orée de cette saison. Au-delà de ces chiffres, il sait bonifier le jeu en attaque, et il s’est toujours épanoui sous la direction de coaches qui lui laissait la bride sur le cou, à l’instar de George Karl. Enfin, Miller est un très bon défenseur, utilisant son envergure et, là-encore, sa science du jeu pour couper les lignes de circulation du ballon et empêcher son adversaire direct d’avoir le moindre confort.

  • Venom

Bien sûr, l'ennemi de Spider-man n'est pas un superhéro, mais un vilain. N'empêche, il a fait ce que peu de personnages de comics américains ont fait : il a déménagé, quittant New York pour Philadelphie. Comme lui, Andre Miller n'est pas, loin s'en faut, l'homme d'une seule franchise. En fait, il en a connu six au cours de sa carrière, en passant deux fois par la même (Denver). Après ses débuts à Cleveland, il a été envoyé aux Clippers, où il a eu la bonne idée de ne rester qu'un an. (Note pour ceux qui ne suivent la NBA que depuis 4 ans : avant l'arrivée de Blake Griffin puis Chris Paul, les Clips étaient des loosers invétérés). Ont suivi, dans l'ordre, Denver, Philly (il fut inclus dans l'échange qui vit Allen Iverson quitter les Sixers), Portland, Denver à nouveau, avant d'arriver il y a dix jours à Washington D.C.

Terminera-t-il sa carrière dans la capitale fédérale, en qualité de chaperon pour la jeune garde des Wiz ? Rien n’est moins sûr, tant Andre Miller aime le jeu. Il est donc bien possible qu’il continue de jouer après la fin de son contrat, qui expire en 2015. Il aura alors 39 ans, mais on sait bien que les superhéros sont immortels...