Stephen Curry, MVP mais pas le meilleur joueur

C'est fait, Stephen Curry est le MVP de la saison. Il y avait finalement peu de suspense tant les Warriors étaient au dessus du lot cette année. C'est l'occasion pour Inside Basket d'essayer de comprendre si le MVP récompense vraiment le meilleur joueur de la ligue.

Stephen Curry est le MVP 2014/2015, c'est officiel. Sans rien enlever du talent du meneur des Warriors, est-il pour autant le meilleur joueur du monde ?

Ses principaux concurrents pour le titre étaient James Harden et LeBron James qui complètent le podium élu par les journalistes. Russell Westbrook, phénomène statistique cette année, n'a même pas été désigné une seule fois en première position par les votants.

 

Certes, les statistiques ne disent pas tout mais nous allons tout de même nous y intéresser :

 

Stephen Curry : 23,8 points, 4,3 rebonds et 7,7 passes décisives
James Harden : 27,4 points, 5,7 rebonds et 7,0 passes décisives
LeBron James : 25,3 points, 6,0 rebonds et 7,4 passes décisives
Russell Westbrook : 28,1 points, 7,3 rebonds et 8,6 passes décisives

 

Vous l'avez bien vu, sur la saison régulière, statistiquement, Westbrook bat le podium de MVP dans chacun des trois secteurs principaux. Mais tout n'est pas favorable pour la machine à triple-double. Voyons voir le classement des quatre équipes concernées.

 

Golden State : 1er à l'Ouest avec 67 victoires
Houston : 2ème à l'Ouest avec 56 victoires
Cleveland : 2ème à l'Est avec 53 victoires
Oklahoma City : 9ème à l'Ouest, ils ratent les playoffs d'une victoire

 

Si Curry n'a pas la plus belle ligne de stats de ce quatuor, il profite d'une large avance des Warriors au classement général. De plus, le meneur californien perd moins de ballons que ses concurrents. Il possède le meilleur ratio passes/pertes de balles des quatre joueurs. Dans ces conditions, aussi monstrueux puissent être Westbrook, James ou Harden, avec plus de 10 victoires collectives de retard, ils ne pouvaient pas être MVP.

On en arrive donc à un trophée sans suspense puisque comme pour le Ballon d'Or FIFA, on est rarement surpris du résultat. Le meilleur joueur de la meilleure équipe est récompensé. Ces trophées pourtant individuels se basent aussi énormément sur les résultats collectifs et cela remet en cause la notion de meilleur joueur.

 

 

En plus d'assurer individuellement, il faut briller en équipe pour être MVP. Cela semble logique mais certaines performances extraterrestres n'auraient-elles pas méritées un trophée ? Kobe Bryant par exemple n'a été désigné qu'une seule fois MVP (2008). Pourtant, le Mamba aurait sans doute mérité d'être récompensé plus souvent. Quand il finit la saison 2006 à 35 points de moyenne, il est clairement au dessus du lot en NBA. Pourtant, c'est Steve Nash qui sera récompensé. Le meneur est génial à cette période mais il faut avouer qui'il est bien aidé par la belle saison des Suns.


Même constat pour un joueur comme Tracy McGrady à Orlando. Double meilleur scoreur NBA, T-Mac ne sera pas récompensé, la faute aux résultats décevants du Magic. Pourtant, ceux qui se souviennent de cette époque savent qu'il évoluait sur une autre planète. Mais Tim Duncan (2003) et Kevin Garnett (2004) lui volent la vedette les deux années. Les deux intérieurs sont énormes mais surtout, les Spurs et les Wolves squattent le haut du classement de la ligue... Mais est-ce que Tracy n'était pas le meilleur joueur... isolé dans une équipe moins bonne ?

 

 

Et si le problème venait simplement des médias ? Les votants sélectionneraient mal les vainqueurs ? Quand Karl Malone est élu MVP (1997 et 1999), certains disaient alors que c'était uniquement pour ne pas désigner Michael Jordan chaque année. Quand Nash obtient ses trophées (2005 et 2006), Kobe s'insurge d'être mal-aimé des médias. Il faut dire qu'à cette époque, une bonne partie des joueurs auraient désigné Kobe MVP s'ils avaient eu leur mot à dire.

 

LeBron James aurait peut-être gagné le trophée Podoloff plus que quatre fois sans Dwyane Wade et Chris Bosh. N'en déplaisent à Derrick Rose (MVP 2011) et Kevin Durant (MVP 2014), la domination du King en NBA était la même pendant ses quatre années à Miami. Pourtant, il n'a obtenu le trophée que deux fois avec le Heat (2012-2013).

C'est un fait, les journalistes votent moins pour les joueurs trop bien entourés... Même si Jordan contredisait cet argument avec Scottie Pippen (encore un oublié). Mais sérieusement, avec du recul, est ce que Shaquille O'Neal ne méritait pas plus qu'un seul petit titre de MVP (2000) ? Là encore, la cohabitation avec Kobe a sans doute court-circuité les chances d'obtention de trophées individuels... pour une star comme pour l'autre.

 

 

En résumé, pour être MVP, il ne suffit pas de cumuler des statistiques dantesques. Il faut en plus plaire aux médias et être dans une équipe au top. Etre entouré d'autres Superstars peut parfois desservir puisque ceci enlève du mérite aux bons résultats.

Pour en revenir à Curry. Cette année, il était le meilleur joueur d'une équipe clairement supérieure aux 29 autres. Parmi ses coéquipiers, même Klay Thompson n'a pas l'aura nécessaire pour faire de Steph un joueur "trop bien entouré".  Le MVP 2015 est aussi la coqueluche des médias, il répond donc à tous les critères énumérés plus haut.

 

C'est encore un autre débat mais meilleur joueur ou pas, le MVP n'est pas assuré d'être champion. Depuis quinze ans, seuls trois MVP ont gagné le titre. Il s'agit du Shaq, LeBron et Duncan. La NBA tente d'arranger les choses avec la désignation d'un MVP des finales... Mais lui, n'est-il pas le meilleur joueur du monde ?

A partir de cette année, les joueurs désignent eux-aussi leur MVP de la saison. Nous saurons bientôt si les avis des joueurs sont si différents de ceux des journalistes, simples spectateurs. Et de votre côté, pensez-vous que le MVP soit obligatoirement le meilleur joueur de la NBA ?