Alonzo Mourning Vs Dwight Howard

Duel de génération compare une star actuelle avec son alter-ego du passé. Cette semaine, oubliez les dribbles chaloupés, les passes aveugles ou les shoots longue distance. Nous vous proposons un combat de gladiateurs des raquettes entre le colosse Alonzo Mourning défendu par Sylvain et le musculeux Dwight Howard représenté par David.

A l'ère du small ball, on oublie que la NBA a regorgé de mastodontes des parquets, adeptes des contres à gogo et dunks surpuissants. Alonzo Mourning appartient à cette catégorie. Arme défensive ultime, le pivot a imposé sa loi grâce à son physique. Même puissance et qualités athlétiques chez Dwight Howard, qui risque fort d'alimenter les rumeurs de transferts cet été. En attendant, il est bien présent dans Duel de Génération.

 

 

Sylvain : Passé entre les mains du légendaire John Thompson de la fac de Georgetown, Alonzo Mourning ne pouvait rêver d'un meilleur mentor. Cette université est le must pour développer le potentiel des intérieurs. Tout comme Patrick Ewing ou Dikembe Mutombo en leur temps, le jeune Alonzo apprend l'art de la dissuasion défensive chez les Hoyas. Il accomplit un cursus complet de quatre saisons, une anomalie désormais chez les universitaires. Il est élu Defensive Player of the Year lors de son année senior et se présente à la draft 1992 avec un profil de Franchise Player. Il est cependant devancé par Shaquille O'Neal, son grand rival avec qui il écrira sa plus belle page dans la Ligue. En débarquant dans la jeune franchise des Hornets, il forme d'emblée un tandem terrible avec Larry Johnson. Il propulse Charlotte en demi finale de Conférence dès son année rookie et tourne déjà en double double : 21,0 points et 10,3 rebonds. All Star, la saison suivante, Mourning règne sur les raquettes où son adresse près du cercle fait un carnage. En 1995, des problèmes d'égo dans le vestiaire poussent Zo à accepter la proposition de Pat Riley, le boss de Miami. Sous sa coupe, le pivot réalise sa meilleure saison statistique : 23,2 points et 10,4 rebonds. Il sera l'emblème de la franchise floridienne jusqu'en 2003, où des médecins lui diagnostiquent une maladie rénale qui sonne le glas de sa domination.

 

David : En High School, à Atlanta, Dwight Howard enregistre des moyennes de 16pts, 13rbds et 6ctrs... Ces stats gargantuesques lui donnent un passe-droit pour intégrer la NBA sans passer par la case NCAA. Il est drafté en première position de la draft 2004 par Orlando. Le succès sur le plan personnel est présent dès sa première année puisqu'il compile un double double de moyenne, 12pts, 10rbds et 1,7ctrs. Il est logiquement élu dans le meilleur 5 rookie... mais c'est Emeka Okafor qui est désigné ROY. Par la suite, Howard assoit un peu plus chaque année sa domination sur une NBA en cruel manque de grand pivot. Il améliore sa marque chaque année, 15pts de moyenne en tant que sophomore, puis 17 l'année suivante et 20 par la suite. Malheureusement, l'effectif du Magic ne lui permet pas de concrétiser cette domination avec un titre. Il parvient pourtant à se hisser en finale contre les Lakers de Kobe Bryant et Pau Gasol en 2004... mais le Mamba et l'Espagnol l'emportent en 5 manches. 
Alors qu'il est toujours au top, Dwight quitte finalement Orlando pour rejoindre Los Angeles, Kobe et Pau en 2012 dans un échange à 3 équipes avec le Magic, les Lakers et les Sixers. Steve Nash, free agent, signe lui aussi chez les pourpres et ors, tout est goupillé pour une saison d'anthologie. Nash, Bryant, Metta World Peace, Pau Gasol, Dwight Howard, le 5 Majeur est bluffant... On s'attend à ce que les Lakers roulent sur la ligue cette année là. Pourtant, les blessures à répétitions et laa mésentente de Dwight et Kobe entravent le parcours des Lakers qui peinent à se qualifier en playoffs... pour être finalement sweepé au premier tour face aux Spurs. Malgré tout, Howard brille cette année avec 17pts, 12rbs et 2,4ctrs par match. La saison suivante, il commence alors une nouvelle aventure avec les Rockets à Houston. Associé à James Harden, il est sensé former un duo capable de ramener le titre mais après une première saison à 18pts de moyenne, Howard chute à 15pts puis 13 cette année. Le pivot est désormais surtout utilisé pour sa défense et ses rebonds, Howard semble mal encaisser sa relégation en seconde voire troisième option offensive derrière Kobe à L.A puis Harden à Houston. 

 

1-0 pour Mourning. Bad Zo est bien plus complet et percutant en défense que Dwight. Il a atteint les 20pts de moyenne dès sa première année et s'est maintenu à ce niveau 8 ans, seules les blessures ont pu le ralentir.

 

 

Sylvain : Leader du Heat à la fin des 90's, Mourning entraîne l'équipe dans son sillage, non pas par son charisme, mais sa débauche d'énergie sur le parquet. Ses coups de gueule et de sang sont un booster pour l'équipe de Pat Riley. Malgré tout, il ne parvient pas à atteindre les Finales avec cet effectif, butant sur les intouchables Bulls et les Bad Boys new-yorkais. Côté défense, Zo est un roc au milieu de la peinture, un intimidateur né. Ses froncements de sourcils, ses grognements et ses expressions colériques rebutent les attaquants adverses à s'approcher trop près du cercle. Elu deux fois NBA Defensive Player of the Year en 1999 et 2000, il décroche également ces saisons-là le titre de meilleur contreur de la Ligue avec des moyennes qui font frémir : 3,9 et 3,7 blocks. Même dans la seconde partie de sa carrière, Zo reste une tour de contrôle d'exception : à 36 ans, il tourne encore à 2,7 contres par match.

 

David : Malgré son côté clown, Dwight a montré qu'il pouvait être un grand meneur d'hommes en portant Orlando en finale NBA. Sa présence intimidante en défense et au rebond pèsent énormément sur les matchs et rassurent ses coéquipiers. Il n'est jamais passé sous la barre des 10 rebonds de moyenne sur une saison, ni des 2 contres, en déjà 12 saisons dans la ligue. Il est le seul joueur a avoir été meilleur contreur et meilleur rebondeur deux saisons consécutives ainsi que le premier à être élu trois années de suite  NBA Defensive Player of the Year. Dwight est un pivot fiable offensivement, capable d'être la première option de son équipe tout en tenant la barraque en défense. C'est un vrai métronome qui a tourné en double-double chaque saison de sa carrière.  

 

1-1. Dwight Howard recolle au score. Superman est encore meilleur rebondeur que Mourning est n'est pas si loin d'être un aussi beau contreur. Les trois trophées de DPOY de Dwight font finalement bien la différence.

 

 

Sylvain : Intronisé au Hall of Fame en 2014, Alonzo Mourning fait partie des pivots légendaires de la NBA. Sept fois All Star avec les Hornets et le Heat, l'intérieur truste les récompenses défensives. Il intègre aussi la All-NBA First Team en 1999 et la Second Team en 2000, une vraie réussite quand on sait qu'à cette période, les Shaq, Patrick Ewing et autres David Robinson étaient en exercice. Zo remporte l'or olympique en 2000 et les championnats du monde en 1994. Mais son plus beau trophée date de 2006. Stoppé net dans sa carrière en 2003, suite à une maladie grave au rein, le pivot va faire preuve de force de caractère. Après une transplantation réussie, Mourning refuse sa retraite prématurée. A 33 ans, il fait son grand retour et signe aux Nets pour un apport non négligeable (9,4 points et 5,1 rebonds). Un nouveau coup de fil de Pat Riley, devenu président du Heat, va donner un ultime tournant à sa carrière. Zo revient en Floride en tant que doublure du Shaq pour former un duo intérieur d'anthologie. Dans une ambiance propice au succès, il redevient une menace défensive de premier plan et décroche enfin SA bague de champion au terme des Finals 2006. Un rappel de sa carrière en images...

 

 

David : Meilleur contreur de la ligue en 2009, meilleur rebondeur à quatre reprises, 8 fois All-Star, vainqueur du Slam Dunk Contest 2008, 5 fois dans les NBA Defensive Team, 8 fois dans les All-NBA Team et 3 fois DPOY... Howard accumule les récompenses individuelles. Collectivement, c'est plus difficile avec une finale NBA mais aucun titre. Il fait pourtant partie de l'équipe championne olympique en 2008 à Pékin et celle troisième au championnat du monde 2006. Dwight est un phénomène individuel mais n'a pas encore décroché la Graal, ce titre NBA qui fait défaut à tellement de stars.

 

2-2. Un partout, pas évident de départager les deux géants. Mourning est un Hall of Famer champion NBA en fin de carrière. Howard n'a toujours pas atteint le sommet de la NBA mais a obtenu plus de trophées de DPOY... spécialité des deux joueurs.

 

 

Sylvain : Intense et féroce, Alonzo Mourning est un guerrier, un vrai, un dur. Son agressivité en défense sème la panique. Les contres sauvages qu'il assène sur les attaquants adverses sont souvent suivis d'un étalage de ses biceps ou de cris proches du cannibalisme. Il utilise toutes les ficelles pour intimider ses opposants. Postérisé par des arrières ou des ailiers, Zo sort parfois de ses gonds pour envoyer des uppercuts à son détracteur. L'un des problèmes récurrents du colosse. Mal canalisée, sa débauche d'énergie l'a, de temps à autre, sorti de son match pour régler ses comptes personnels. Il est au centre d'un des plus célèbres pugilats des playoffs. Au paroxysme de la rivalité avec les Knicks, Zo déclenche une bagarre générale après avoir punché son ancien coéquipier Larry Johnson. Le Heat payera cher ces frasques et ne parviendra pas à surmonter l'obstacle new-yorkais.

 

David : Si Dwight Howard est généralement irréprochable en défense, on lui a souvent reproché son manque de talent offensif. Il a beau être un monstre athlétique, Superman n'a pas une palette offensive aussi riche que d'autres grands pivots avant lui. On est loin de Kareem Abdul-Jabbar, Hakeem Olajuwon ou même du précédent Superman, Shaquille O'Neal. Howard joue pivot mais n'est pas si efficace dos au panier. Son jeu s'apparente plutôt à celui d'un ailier fort qui joue toujours face au cercle. Pourtant, ce manque de technique, même couplé à sa maladresse aux lancers-francs, n'a jamais empêché Dwight de participer activement à l'attaque de son équipe, sa présense physique lui suffit à être un scoreur efficace.

 

3-3. Là encore, difficile de ressortir un gagnant au point de vue technique. Les deux joueurs sont des monstres bodybuildés qui sont tellements puissants qu'ils peuvent se permettre de laisser la technique au vestiaire. C'est peut-être avec un bras de fer, voire un match de boxe, qu'on pourrait trouver un gagnant.

 

 

 

Sylvain : Par sa carrière singulière, Mourning laisse une trace chez les fans des années 90's et 2000. Il est l'un des derniers vestiges d'une époque où les pivots régnaient sur la NBA. Sa persévérance pour retrouver le plus haut niveau après une greffe rénale ne peut pas laisser insensible. Son attitude après le titre enfin obtenu est l'une des images inoubliables des Finales. A quelques secondes du coup de sifflet, Zo ferme les yeux, immobile pendant que ses coéquipiers exultent. La joie du pivot est intérieure, comme un oasis dans sa traversée du désert. En charge de la formation des jeunes joueurs dans sa franchise de cœur floridienne, Mourning garde un pied dans le monde du basket. Très impliqué en dehors du parquet, il participe à des voyages en Afrique avec Dikembe Mutombo pour rendre visite à des enfants dans les écoles et les hôpitaux.

 

David : On n'est pas encore au niveau du sourire de Magic Johnson et du charisme de Shaq, mais Dwight Howard est un visage incontournable du paysage NBA. C'est un showman comme il en reste peu, il le montre à chaque match et c'est encore plus vrai lors du All Star Weekend. Un peu moins jovial depuis qu'il a quitté Orlando, Howard a fait beaucoup parler de lui avant d'intégrer les Lakers. Son comportement de diva, aussi écoeurant que The décision de LeBron James, et sa relation avec Kobe ont quelque peu terni son image de nice guy. Son duo avec Harden dans le Texas ne semble pas si complémentaire que ça. Howard rattrapant les bourdes défensives de l'arrière pendant qu'Harden fait de même en attaque avec son pivot, on est plutot dans la compensation que la complémentarité. Mais Dwight reste un All Star indiscutable, il a été le dernier Mohican au poste de pivot après le départ du Shaq, de Yao Ming, Alonzo Mourning ou Dikembe Mutombo... Il était peut-être le seul représentant sérieux à ce poste avant un renouveau assez récent avec la nouvelle génération. 

 

4-3, score final, victoire d'Alonzo Mourning. Malgré le charisme de Dwight et son plus grand nombre de DPOY, on a tendance à penser à Alonzo Mourning avant lui quand il s'agit de citer un pivot défensif (Ben Wallace et Dikembe Mutombo également). Mourning a laissé une emprunte énorme sur le paysage NBA, les fans se souviennent encore de ses Hornets avec Johnson et Muggsy Bogues. Surtout, le retour au haut niveau après une grave blessure et l'obtention ultime d'un titre NBA font d'Alonzo un symbole de persévérance et de réussite. 

 

Article co-écrit par Sylvain Hermer et David Kalmes

 

​​Episode 8 : Larry Bird Vs Dirk Nowitzki
Episode 7 : John Starks Vs Jimmy Butler
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Episode 4 : Dennis Rodman Vs Draymond Green
Episode 3 : Shawn Kemp Vs Blake Griffin
Episode 2 : Allen Iverson Vs Russell Westbrook
Episode 1 : Reggie Miller Vs Stephen Curry